Un jour dans la vie d’une sage-femme en action au milieu du conflit dans le nord de la Syrie

Alors que la crise en Syrie entre dans sa septième année, les civils continuent de porter le poids du conflit marqué par la destruction, par des souffrances affreuses et par un mépris de la vie humaine. Il est estimé que 13,5 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire, dont 4,9 millions de personnes assiégées dans des régions difficiles d’accès où elles sont exposées à de terribles menaces.

CARE soutient 10 centres de santé primaire et 10 cliniques mobiles dans le nord de la Syrie. Ces centres et cliniques procurent aux foyers syriens vulnérables un accès à des services de santé reproductive et sexuelle ainsi qu’à des services médicaux primaires, à de l’information, à des consultations, à des méthodes de planification familiale et à des services axés sur la violence sexiste dans les gouvernorats d’Idleb et d’Alep.

Khawla est une sage-femme à l’œuvre dans l’un des centres d’Alep dédiés à la planification familiale. Elle a fait ses études dans les soins aux enfants et le métier de sage-femme. Durant près de 20 ans, elle a travaillé comme sage-femme.

Khawla is a midwife working for one of the centers in Aleppo and focuses on family planning.

6 h 30

Je me lève, je lave mon visage, je brosse mes dents et je me prépare pour ma journée. Je fais quelques tâches ménagères selon que nous ayons de l’électricité ou non. Si nous en avons, je fais du lavage et je cuisine jusqu’au moment de quitter la maison pour me rendre au centre. Avant de partir, je prépare aussi le déjeuner de mon mari et de mes enfants qui dorment encore. Ce sont les vacances d’été, alors je les laisse dormir. Une fois habillée, je me rends au village. Je dois compter 15 minutes pour parcourir les 15 à 20 km qui me séparent de mon lieu de travail.

8 h

Mon travail commence. Normalement, le centre est rempli de femmes qui viennent d’ici et de femmes qui ont été déplacées à cause du conflit. J’enfile mon sarrau, je m’assois à mon bureau et je reçois mes premières patientes. Quand j’ai le temps et que la clinique ne déborde pas trop, j’avale un café vite fait. Notre équipe comprend un médecin, un pédiatre, deux sages-femmes et des infirmières. Lorsqu’une femme se présente au centre, elle s’enregistre elle-même à la réception, ensuite j’échange avec elle pour connaître les problèmes qui l’amènent ici et voir comment je peux l’aider. Habituellement, mon travail consiste à insérer des dispositifs intra-utérins, à distribuer des contraceptifs oraux et parfois à référer des cas compliqués à un hôpital spécialisé qui se trouve à 15 km de notre centre. Aujourd’hui, j’examine une femme dans un état grave. Elle a des saignements consécutifs à des complications chirurgicales.

13 h

Vers 13 h, le nombre de patientes diminue. En moyenne, j’examine 20 cas par jour. Je ne prends aucune pause pour éviter que les femmes attendent trop longtemps. Certains jours, nous travaillons tard afin qu’aucune patiente ne reparte sans avoir reçu de services médicaux. Quand j’ai un peu de temps libre avant de retourner chez moi, je prépare la salle d’examen pour le lendemain. Une voiture viendra sous peu me chercher. C’était une journée occupée comme toutes les autres.

14 h 30

Après le travail, je consacre quelques heures à préparer le repas de la famille et à nettoyer la maison. Quand ils le peuvent, mes enfants m’aident. Aujourd’hui, je cuisine des aubergines épicées et une salade. Comme l’électricité manque souvent et que je ne peux compter sur le frigidaire pour garder des plats jusqu’au lendemain, je fais de la nourriture au jour le jour.

18 h

C’est l’heure où je me repose ou visite quelqu’un. En temps normal, j’aurais été prendre un thé chez des voisins ou voir un membre de ma famille, mais je me sens fatiguée aujourd’hui. Ma belle-sœur viendra peut-être faire un tour plus tard. Les autres jours, quand mes enfants vont à l’école, je vérifie leurs devoirs. Parfois, après le travail, je reçois un appel d’urgence d’une femme du village qui a besoin d’un conseil, d’un examen ou d’une présence aidante pour accoucher. Cela peut survenir très tard, ce qui m’effraie toujours compte tenu des problèmes d’insécurité en Syrie. Actuellement, je suis une formation en premiers soins psychologiques, et je suis heureuse de perfectionner mes connaissances et de développer mes talents. Je fais quelques lectures et mes devoirs, puis j’envoie mes réponses à notre conseiller sur Whatsapp. Je dois me connecter à Internet par l’ordinateur de mes voisins. Le signal est faible, mais c’est le seul moyen de communication dont je dispose.

22 h

Il fait nuit noire et le village s’emplit de silence. J’essaie de toujours me coucher vers 22 h pour être en forme tôt le matin. Nous essayons de dormir même s’il fait très chaud et que nous n’avons pas l’électricité. Nous partageons une génératrice avec des voisins, mais elle ne nous procure que six ou sept heures d’électricité par jour. Si j’avais de l’électricité en ce moment, j’allumerais un ventilateur, mais ce n’est pas le cas. J’essaie donc de ne pas penser à la chaleur et de dormir pour bien entreprendre la journée occupée du lendemain.


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