Santé maternelle au Nigeria : l’histoire de Fatima

Des cris à glacer le sang ont réveillé Fatima Abba Bukar au milieu de la nuit.

« Des combattants du groupe jihadiste Boko Haram sont arrivés et ont commencé à asperger les maisons d’essence. Ils criaient : “C’est la maison des chrétiens, dit Fatima, qui est musulmane. Ils ont débarqué avec de l’essence et des allumettes. Nous sommes sortis en courant. »

Dans le chaos, Fatima s’est retrouvée séparée de son mari et de ses quatre fils. Elle s’est enfuie dans la brousse, s’engouffrant dans l’obscurité pendant que son village brûlait au loin.

Fatima confie que son grand-père et son neveu ont été tués cette nuit-là. Mais ça n’a pas été ses seules pertes. « En m’enfuyant en courant, j’ai fait une fausse couche. J’étais enceinte de trois mois. »

Fatima a perdu son bébé à Maiduguri. Elle a perdu tellement de sang et a été si malade qu’elle a dû passer plusieurs mois à l’hôpital. Par la suite, elle a pu retrouver ses enfants et, un an plus tard, son mari aussi.

Fatima Abba Bukar. Photo by Josh Estey/CARE

Aujourd’hui, son mari travaille plusieurs mois de suite dans les champs comme ouvrier agricole. Il aide à cultiver des tomates, des oignons et d’autres légumes. Fatima, elle, est à nouveau enceinte. Elle en est à son neuvième mois. Depuis sa fausse couche, c’est sa première grossesse.

Récemment, elle a appris l’existence d’un dispensaire de santé maternelle, l’un des huit que CARE soutient dans la région de Maiduguri. Le dispensaire a été aménagé dans une maison de deux pièces offerte par une famille du coin après que le groupe Boko Haram ait incendié l’hôpital le plus près. Plus de 40 % des installations médicales à Borno ont été détruites durant les affrontements.

Fatima dit que c’est la première fois qu’elle reçoit des soins prénataux. Grâce à ce dispensaire, elle bénéficie de suivis réguliers et de médicaments gratuits. Elle a aussi reçu une « trousse de dignité » CARE contenant des serviettes hygiéniques, du savon, du détergent à lessive, une couverture et d’autres articles pour l’hygiène.

Les dispensaires soutenus par CARE distribuent également des trousses pour accouchement qui contiennent, entre autres, des serviettes et une lame stérilisée pour couper le cordon ombilical. Les naissances à domicile sont un fait courant là où Fatima vit, parce que les militaires imposent un couvre-feu et que de nombreuses femmes n’ont aucun moyen de se déplacer. Les femmes qui accouchent durant le jour et qui présentent des complications graves peuvent au moins compter sur CARE pour être transportées dans un hôpital de la région. CARE utilise quatre ambulances tricycles qui peuvent faire la différence entre vivre ou mourir.

The head nurse at one of the CARE-supported clinics in Maiduguri checks on Fatima Abba Bukar. Photo: Josh Estey/CARE

Les besoins en santé maternelle sont très grands dans le nord du Nigeria, surtout en ce qui concerne les services de planification familiale, les soins obstétriques d’urgence et les traitements pour les victimes de violence sexuelle. Selon le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), près de 1,7 million de femmes affectées par la crise sont en âge de procréer, et plus de 275 000 femmes devraient devenir enceintes cette année. Dans l’État du Borno, où se trouve l’épicentre de la crise, les taux de mortalité maternelle sont de trois à quatre fois plus élevés que la moyenne nationale (1 500 à 2 000 décès pour 100 000 [LD1] naissances vivantes comparativement à 576 pour 100 000).

D’ici la fin de 2018, CARE prévoit rendre les services de santé reproductive et sexuelle disponibles à quelque 450 000 femmes et filles de la région.

Fatima dit qu’elle s’est familiarisée avec les diverses méthodes de planification familiale au dispensaire et, déjà, elle en a parlé à son mari. Ce dernier est favorable à l’idée qu’elle utilise des méthodes contraceptives et espace les naissances.

Pour l’instant, Fatima a pour priorité de mettre au monde son cinquième enfant sans ennui et de le voir en santé. Elle mentionne qu’elle utilise comme vêtements les fines couvertures des « trousses de dignité » offertes par CARE. Elle se drape avec la rouge, et l’autre couverture sera pour son bébé.

« Nous les porterons pour la cérémonie du baptême », précise Fatima en affichant un large sourire.

Ce projet est financé en partie par le Fonds de secours contre la Famine du gouvernement du Canada.

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