Le faiseur de jouets du camp de réfugiés d’Azraq

Par Darcy Knoll, CARE Canada | Photos de Justin Bastien/CARE

Il est surnommé le « faiseur de jouets ».

À 65 ans, avec sa barbe blanche et son large sourire, Mohammed Asaf a le physique de l’emploi.

Il vit dans le camp de réfugiés d’Azraq, situé dans l’est de la Jordanie, qui accueille plus de 30 000 Syriens forcés de fuir les violences de leur pays d’origine.

Pour plusieurs, vivre dans un camp de réfugiés, c’est une condamnation à l’ennui, parce qu’il n’y a rien d’autre à regarder que des abris métalliques blancs qui s’alignent en rangées désolantes, quelque part au milieu du désert.

Mohammed est arrivé au camp il y a trois ans. Il a vite cherché un moyen de distraction pour passer le temps.

« Je dois faire quelque chose », s’est-il dit.

Chez lui, en Syrie, il avait l’habitude de bricoler des petits jouets pour son fils et son neveu. Il a alors décidé de commencer à concevoir des modèles réduits d’avions en papier pour des enfants du camp.

Des membres d’un centre communautaire de CARE qui se trouvaient tout près n’ont pas tardé à lui fournir de la peinture et du matériel. Mohammed a ainsi pu laisser sa créativité s’exprimer à travers d’amusantes petites œuvres, ce qui a façonné sa réputation de faiseur de jouets.

« Cela a intéressé les gens, et certains sont devenus curieux de voir ce que je faisais », dit-il.

Aujourd’hui, Mohammed ne fabrique pas uniquement des avions (sa fierté!), mais aussi des poupées, des tours d’horloge et des maisons miniatures. Tout est fait avec des matériaux naturels ou recyclés ainsi que des bricoles qu’il trouve ci et là.

Mohammed Asaf, the toymaker of Azraq refugee camp

« J’aime recycler des choses pour en faire des jouets », explique-t-il.

Combien de jouets il a fabriqués depuis son arrivée au camp d’Azraq? Il n’en a aucune idée. Beaucoup! « Je ne les ai jamais comptés! »

Mohammed provient de Homs, une ville de l’ouest de la Syrie, où il a vécu avec sa femme sur une fermette. Il adorait passer du temps au jardin et traire sa vache. Le lait, il le vendait ou en faisait du fromage. Il a aussi géré un petit commerce de livraison de produits d’épicerie.

Lui et sa femme ont une famille nombreuse – sept fils et sept filles âgés de 21 à 42 ans. Tous les fils vivent à Azraq. Une fille aussi. Les six autres filles habitent ailleurs dans la région, dont une qui est encore en Syrie.

« Elle n’y est pas en sécurité », déplore-t-il.

Il craint qu’une bombe y soit larguée à tout moment.

En bricolant des jouets, Mohammed échappe un peu à ses inquiétudes. La Syrie n’est toutefois jamais très loin dans ses pensées.

Plusieurs des jouets qu’il fait de ses mains sont inspirés de la vie qu’il a laissée derrière lui. Pour se rappeler sa ferme, il fabrique des petites vaches et des canards. Un de ses biens les plus précieux est une reproduction de sa maison en Syrie. Elle est de la grandeur d’une maison de poupée et est toute jolie avec son toit rose, ses murs aux teintes de jaune et de beige, et sa clôture blanche.

Certains jours, il rêve de retourner en Syrie pour y vivre comme avant, en paix.

En attendant que ce moment arrive, il continue de répandre la joie à Azraq avec ses talents de faiseur de jouets.


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