Prévenir la violence contre les femmes en Ouganda : l’histoire de Grace

Par Massa Kenneth et Charles Lilley, de CARE Ouganda

Dudu Grace Edward est une mère célibataire de 45 ans du Soudan du Sud. Elle a dû fuir son foyer et vit maintenant dans un camp de réfugiés en Ouganda, où plus d’un million de Sud-Soudanais se sont réfugiés. De ce nombre, près de 85 % sont des femmes et des enfants.

En juillet 2017, les résidents du camp de réfugiés ont choisi Grace comme « intervenante en matière de violence basée sur le genre ». Les intervenantes comme Grace suscitent l’engagement de la communauté et montrent aux gens comment ils peuvent travailler ensemble pour soutenir les femmes et les filles exposées à la violence. Grace est l’une des 80 intervenantes contre la violence sexiste que CARE a sélectionnées, formées et soutenues.

La première étape du travail de Grace et des autres intervenantes, c’est la formation. Devenue une bonne référence pour tout ce qui concerne les concepts de violence basée sur le genre, Grace peut donner des conseils, faire du travail de sensibilisation et favoriser la mobilisation de la communauté. La formation qu’elle a reçue par CARE l’a aidée à être un modèle positif pour sa communauté et à savoir identifier et aider les femmes qui ont subi de la violence basée sur le genre.

« Je suis vraiment très heureuse de travailler avec l’équipe de CARE. Elle nous a bien entraînées. J’avais reçu une formation d’autres organismes, mais lorsque j’ai suivi la formation de CARE, j’ai mieux saisi ce qu’est la violence sexiste, explique Grace. Chaque fois que nous avons besoin de soutien, l’équipe de CARE nous donne un coup de main sans tarder. Quand je porte le chandail avec le logo de CARE, la communauté me repère facilement et ça me rend heureuse. Je veux réellement être un bon modèle. »

Grace is one of 80 gender-based violence "preventers" trained by CARE working in a refugee settlement in Uganda.

Annet (nom fictif) a vécu une expérience éprouvante malheureusement courante dans la communauté où vit Grace. Elle était en déplacement avec 20 personnes, dont ses deux enfants et les deux enfants orphelins de sa sœur. À plusieurs reprises, le groupe a été intercepté par des hommes armés. L’une de ces fois, Annet a été entraînée dans la brousse et violée.

À son arrivée en Ouganda, elle a eu du mal à s’intégrer dans son nouvel environnement. Certaines voisines ont fait de leur mieux pour l’aider. Mais, malade et traumatisée par l’épreuve qu’elle avait vécue, Annet dépérissait. En plus, sa fille était aussi très malade. Annet a donc vu deux issues possibles : retourner chez elle au Soudan du Sud ou se suicider.

C’est alors qu’elle a fait la rencontre de Grace.

« Quand Grace m’a demandé comment j’allais, j’ai commencé à pleurer, se remémore Annet. Je lui ai dit que je ne voyais pas d’avenir pour mes enfants ici et que nous avions toujours faim. Ma fille avait été très malade. J’ai dit à Grace qu’il valait mieux que je rentre chez moi. »

Grace lui a fait voir que sa famille était plus en sécurité au camp de réfugiés qu’au Soudan du Sud. En Ouganda, ses enfants peuvent aller à l’école et manger.

« Grace m’a dit d’être forte. Elle m’a beaucoup soutenue et m’a encouragée à rester ici pour le bien de mes enfants. »

Grace s’est également assurée qu’Annet reçoive du soutien. Elle a veillé à ce qu’elle participe à un atelier sur le processus de guérison post-traumatique.

« Il m’a fallu environ un mois pour que je remonte la pente. Je me sens beaucoup mieux maintenant », confie Annet.

Aujourd’hui, Annet fait partie d’un groupe de femmes qui accomplit de belles choses, comme fabriquer des briques pour un centre de femmes qui sera bientôt construit à proximité. Annet coupe aussi de l’herbe afin de la vendre en paquets destinés à la confection de toits de chaume pour des abris. Plus inspirant encore, à titre de membre de son équipe de santé villageoise, elle soutient maintenant d’autres réfugiées. Si vous demandez à Annet si Grace et les autres intervenantes ont eu un impact positif sur sa vie de réfugiée, elle vous répondra spontanément un grand oui.

« Je retournerai au Soudan du Sud si la paix y revient, mais je suis à l’aise ici maintenant. Je dois ça à CARE et à mon amie Grace. »


Une femme sur trois dans le monde connaîtra des abus dans sa vie. Vous pouvez contribuer à faire entendre la voix de femmes comme Annet et soutenir des expertes comme Grace.

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