Constamment en mouvement : le parcours d’une famille voulant fuir les conflits en Syrie

Najlaa* balaie le sol en béton de sa maison de deux pièces à Kilis, une petite ville de 93 000 habitants située dans le sud de la Turquie qui accueille 130 000 réfugiés syriens. Elle relate son parcours sinueux pour trouver un lieu sécure, loin du conflit qui sévit en Syrie.

« Nous vivions à Alep. Quand les conflits ont éclaté en Syrie et que mon mari a été blessé, nous avons fui en Turquie. Puis ma mère, qui vivait en Syrie, est tombée malade. Nous sommes donc tous retournés à Alep pour être à ses côtés. Mais la ville a été assiégée par l’armée syrienne et la vie y est devenue très difficile. Nous avons alors quitté Alep à nouveau dans des bus verts pour Idleb, avant de finalement arriver à Kilis. »

Najlaa has two daughters and three sons, none of whom goes to school. They are refugees from Syria now living in Kilis, Southern Turkey.

Najlaa se rappelle très bien chacun des endroits où elle a dû s’installer avec son mari Saleem, 30 ans, et leurs cinq enfants, tout comme des millions de Syriens qui ont été déplacés en raison de huit ans de conflit.

Najlaa a une histoire qui n’est pas unique. Elle fait partie des dizaines de milliers de Syriens qui ont été évacués dans les convois des célèbres autobus verts en partance d’Alep, de la Ghouta orientale et du nord de la ville rurale d’Homs jusqu’au gouvernorat du nord d’Idleb. Après des semaines de bombardements intenses et de frappes aériennes en zones densément peuplées, il y a eu un accord entre le gouvernement syrien et les poches rebelles, et les armes se sont tues. Les gens ont alors dû choisir d’être relocalisés dans la zone tenue par les rebelles ou subir des privations continuelles et peut-être même éventuellement être arrêtés et détenus. Les civils et les combattants armés ont quitté vers le nord à bord d’autobus.

La ville d’Idleb est devenue de facto le foyer de plus de 2 millions de personnes, la plupart d’entre elles déplacées d’autres régions de la Syrie. Les civils arrivent souvent dans le gouvernorat du nord après de longues périodes de siège avec peu de nourriture, d’eau potable et de soins de santé. Ils font face à un manque de logements et d’emplois, et ils doivent vivre dans l’insécurité des combats incessants. Les organisations humanitaires locales présentes dans la région n’arrivent pas à suffire aux besoins toujours plus criants. CARE soutient huit de ces organisations en distribuant de la nourriture et des fonds, et en appuyant des projets reliés à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène.

Il y a quelques mois, Najlaa et sa famille n’ont eu d’autre choix que de se déplacer encore plus au nord et de se rendre en Turquie. Saleem y a trouvé un emploi de tailleur pendant que Najlaa, elle, s’occupe de leurs deux filles et trois garçons dont l’âge varie de 2 à 12 ans ; aucun des enfants ne va à l’école. Le salaire de Saleem est consacré au loyer, à la nourriture et aux autres dépenses quotidiennes.

« Nos vies sont moins à risque ici, mais la vie est chère. J’aimerais pouvoir travailler. Mais je ne peux pas laisser nos enfants seuls », dit Najlaa.

Les enfants ont perdu plusieurs années de scolarité. Quand ils vivaient dans la ville assiégée d’Alep, ils ne fréquentaient pas l’école à cause des combats quotidiens. Une fois arrivés en Turquie, ils ont raté la période d’inscription. « Je veux vraiment que nos enfants reçoivent l’éducation que je n’ai pas eu la chance d’avoir », mentionne Najlaa.

En Syrie, où les infrastructures ont été gravement endommagées par la guerre, les salles de classe ont été détruites ou utilisées comme abris. La moitié de la population a été déplacée, et un enfant sur trois n’est pas scolarisé.

Des familles comme Najlaa qui ont été déplacées à plusieurs reprises se retrouvent souvent à court de ressources, presque sans biens. Quand la famille de Najlaa a emménagé dans son nouveau logement à Kilis, elle a dû s’habituer à tout. Par exemple, les enfants évitaient d’aller dans la cuisine, parce qu’il n’y avait pas d’évier, des cafards y couraient et le toit y avait des fuites.

CARE a aidé Najlaa et sa famille à réparer le toit, à installer un évier et des robinets dans la cuisine, à restaurer les toilettes et à changer les portes et les fenêtres. Mais Najlaa rêve de sa maison à Alep entourée de son petit jardin. Comment y retourner ? Sa maison a été détruite, son mari a perdu son travail et sa mère est décédée. Najlaa n’a plus vraiment espoir de rentrer chez elle. À moins qu’elle veuille encore vivre en déplacement forcé.

*Nom fictif.


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