Cinq facteurs qui rendent les femmes et les jeunes filles particulièrement vulnérables à la COVID-19

Si les hommes et les personnes âgées semblent touchés davantage par la forme virulente du virus, la situation actuelle présente des défis uniques pour les femmes et les jeunes filles vivant dans la pauvreté ou en pleine crise humanitaire.

La pandémie de COVID-19 qui secoue actuellement la planète aura des conséquences particulièrement dévastatrices sur les femmes et les jeunes filles qui vivent dans la pauvreté ou dans des régions aux prises avec une crise humanitaire, soutiennent les experts de CARE.

Le virus a été détecté en décembre 2019 dans la province du Hubei en Chine. Le 30 mars 2020, plus de 693 000 cas de COVID-19 et plus de 33 000 décès liés à la maladie avaient été confirmés dans le monde selon l’Organisation mondiale de la Santé. Loin de ralentir, l’épidémie prend au contraire de l’ampleur, et les pays peinent à contrôler sa propagation par manque de trousses de dépistage, de lits d’hôpitaux, de matériel de protection et de personnel soignant. Le virus a également atteint des pays comme la Syrie et le Bangladesh, où il présente un énorme risque pour les communautés vulnérables qui se heurtent déjà à la violence, aux déplacements forcés et à l’insuffisance des infrastructures.

« En situation d’urgence, ce sont les femmes et les jeunes filles qui passent en dernier, souligne Susannah Friedman, directrice des politiques humanitaires de CARE. Même si les données indiquent que les hommes et les personnes âgées sont plus vulnérables au virus, les femmes et les jeunes filles souffriront de préjudices du fait de la pandémie. »

Un document d’orientation de CARE portant sur l’incidence sexospécifique de la COVID-19 [en anglais] indique que, dans les milieux d’aide au développement et d’action humanitaire, la propagation du virus pourrait affecter disproportionnellement la santé, le gagne-pain et la sécurité des femmes et des jeunes filles. Voici les facteurs qui les rendent particulièrement vulnérables :

1. Les femmes, les jeunes filles et les personnes LGBTQ+ sont plus exposées à la violence sexiste

Des données concernant l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest et en République démocratique du Congo révèlent que les urgences de santé publique engendrent une hausse des cas d’exploitation sexuelle et de violence. En Sierra Leone, la pandémie avait forcé la fermeture des écoles pendant neuf mois. Selon l’ONU, quelque 18 000 adolescentes, que le confinement avait exposées aux agressions sexuelles, étaient alors tombées enceintes. Les données font aussi état d’une diminution des services d’aide aux victimes de violence conjugale lors d’épidémies étant donné que les ressources sont réaffectées aux besoins sanitaires immédiats. Ce problème est d’autant plus préoccupant que, pour freiner la propagation de la COVID-19, les autorités préconisent des mesures qui limitent les déplacements et confinent les gens à la maison, ce qui risque d’accroître l’exploitation sexuelle et la violence.

2. Les femmes exercent souvent des activités informelles sujettes aux perturbations

Pendant l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest, les restrictions à la circulation des marchandises et des personnes avaient entravé les activités commerciales des femmes. Et cette situation se répète aujourd’hui. En effet, de nombreux pays ont restreint les déplacements pour empêcher la propagation de la COVID-19. Au Kenya, le gouvernement a exigé la fermeture des marchés extérieurs pour éviter les affluences dans les espaces publics. Ces fermetures ont une incidence négative sur les femmes qui vendent des marchandises et des fruits et légumes frais pour gagner leur vie. Cette épidémie aura aussi des répercussions sur les travailleuses migrantes. Les restrictions de déplacement pourraient empêcher les femmes de se rendre à leur travail ou les y retenir. Elles pourraient ainsi perdre leur gagne-pain, ce qui pourrait avoir des conséquences considérables à long terme sur elles et leur famille.

considérables à long terme sur elles et leur famille. 3. Les produits sanitaires et d’hygiène féminine seront plus difficiles à trouver

L’épidémie pourrait interrompre la distribution de produits sanitaires par les organismes humanitaires sur laquelle comptent des femmes et des jeunes filles pour obtenir des produits d’hygiène menstruelle, du savon et des comprimés de purification de l’eau, par exemple. Les interruptions de services, la perte de revenu, les achats de panique et la forte hausse de la demande limiteront l’accès aux produits essentiels pour de nombreuses personnes. Certains pays, dont le Rwanda, ont imposé des prix fixes à certains articles ménagers pour empêcher la flambée des prix pendant la crise, mais la plupart ne l’ont pas fait, et quantité de personnes n’auront peut-être pas les moyens de se procurer des fournitures de base.

4. Les femmes et les jeunes filles sont les premières à souffrir de la faim

Lors d’une urgence de santé publique, les femmes et les jeunes filles sont souvent parmi les premières à souffrir de la faim. Dans certaines sociétés, les normes exigent qu’elles mangent après les hommes, et leurs portions sont souvent plus petites.

Comme c’est le cas dans bien des pays, la pandémie de COVID-19 a entraîné la fermeture des écoles au Ghana, interrompant ainsi le programme alimentaire national sur lequel comptent plus de 2,6 millions d’enfants du pays. Déjà vulnérables à la malnutrition, les fillettes risquent des complications de santé supplémentaires.

Pendant l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest, les restrictions de déplacement et les mesures de confinement ont porté un coup dur au commerce et à l’accès à la nourriture, menant ainsi à une hausse des prix. Certains ménages ont dû restreindre leur alimentation ou ont contracté des dettes pour se nourrir, alors que des femmes et des jeunes filles ont eu recours à des transactions sexuelles pour manger et ainsi survivre.

5. Les normes sociales et le rôle des femmes et des jeunes filles dans la société les exposent à des risques de santé accrus

Les normes sociales et les attentes à l’égard des femmes et des jeunes filles pourraient les exposer davantage au virus. Ce sont souvent elles, par exemple, qui s’occupent des autres membres de la famille. De plus, les femmes représentent environ 70 % du personnel médical dans le monde.

Lors des urgences sanitaires causées par les virus Ebola et Zika, les ressources consacrées aux services de santé de routine avaient été réaffectées pour contenir l’épidémie, ce qui avait empêché des femmes et des jeunes filles d’avoir accès à des services et à des fournitures de santé sexuelle et reproductive comme des contraceptifs et des soins prénataux et périnataux.

Même si ces services restent offerts pendant la pandémie de COVID-19, les mesures de distanciation physique en restreindront tout de même l’accès. De 2014 à 2016, pendant l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest, beaucoup de femmes s’étaient abstenues de se rendre en clinique de crainte de contracter la maladie.

Devant le défi sans précédent que représente la covid-19, CARE est résolu à adapter ses programmes et à intensifier ses activités autant que possible, mais avons besoin pour ce faire de votre aide.

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