COVID-19 au Honduras : le récit de Gladis

Gladis, leader de sa communauté, poursuit à distance des études en pédagogie à l’université autonome de Siguatepeque, au Honduras. Elle-même entrepreneure, elle aide sa communauté à canaliser ses forces pour développer des entreprises locales dans le contexte actuel de la COVID-19 et cela avec le soutien du projet PROLEMPA de CARE.

Je m’appelle Gladis Cabrera et j’ai 23 ans. Je vis avec ma mère au cœur de la communauté autochtone de Río Grande dans la vallée d’Azacualpa, à Intibucá, où vivent quelque 130 familles. Dans cette région, les gens pratiquent l’agriculture et l’artisanat.

Ma mère cultive le haricot, le maïs et parfois quelques légumes. Mon père a émigré aux États-Unis il y a 12 ans pour payer mes études et celles de mes sept frères. Son travail, laborieux et exténuant, consiste à enfouir des câbles électriques dans le sol. Il doit marcher toute la journée et s’accroupir pour percer des trous et creuser la terre. À 57 ans, il désire rentrer au pays, car il est épuisé et a passé trop d’années loin de la maison.

Mes études tirent à leur fin et j’ai décidé de lancer ma propre entreprise pour gagner de l’argent et aider ma famille et les femmes de ma communauté. C’est ainsi qu’est née, il y a quatre ans, Lu Copi Copi, une entreprise de tissage artisanal. Nous fabriquons des tissus lencas et, grâce au projet PROLEMPA de CARE, nous avons pu embaucher huit femmes et produisons désormais plus de 50 types d’articles. Notre salaire varie en fonction de notre production, mais l’entreprise est devenue notre principale source de revenus.

Le projet PROLEMPA m’a aussi permis de décrocher un diplôme en gestion touristique et nous a fourni des capitaux de démarrage pour que nous puissions investir dans notre propre projet. Quatre ans plus tard, l’entreprise a son propre local et nous avons fait l’acquisition de tissus pour poursuivre nos activités. Mettant à profit mon diplôme en gestion touristique et toujours avec le soutien de PROLEMPA, nous avons lancé une initiative de développement touristique pour la communauté. Notre région abrite la plus haute chute du Honduras, qui culmine à 120 mètres. L’idée est d’en faire une attraction touristique, ce qui stimulera l’économie locale.

Les contrecoups économiques de la pandémie

Malheureusement, les choses se sont compliquées dans les derniers mois. Le coronavirus a paralysé notre entreprise. Nous n’avons eu aucun client depuis deux mois. Il y a deux semaines, nous avons reçu une commande pour produire 500 couvre-visage; toutes mes collègues étaient ravies de pouvoir travailler. Toutefois, il nous est impossible de livrer la commande, car les voies d’accès sont bloquées et nous craignons que les couvre-visage n’aient plus aucune utilité quand ils finiront par arriver à destination. Nous avons utilisé tout le matériel que nous avions pour confectionner ces couvre-visage et nous avons besoin de cet argent pour vivre et pour acheter le tissu qui nous permettra de poursuivre notre activité.

Il est très difficile de payer nos employées. Le mois dernier, mes collègues ont épuisé toutes leurs économies et la plupart ont dû recommencer à faire du nettoyage dans les fermes. Elles travaillent une journée par semaine, ce qui leur rapporte la maigre somme de 100 HNL (environ 4 $), leur unique salaire pendant le confinement.

J’ai aussi repris le travail à la ferme de ma mère. Mon père ne peut plus nous envoyer d’argent, car il est lui aussi en confinement et ne travaille plus. La pandémie a grandement affecté notre économie.

Masks made by Gladis and members of the artisan weaving company “Lu Copi Copi” produced

Isolés, affamés et coupés de la communauté

Ma communauté est composée de familles nombreuses. Généralement, les femmes ont entre 6 et 12 enfants. Plus une famille a d’enfants, plus elle peine pour les nourrir et plus elle vit dans la pauvreté. Ces personnes gagnent leur pain en désherbant les champs de maïs. Certaines trouvent du travail dans les villes avoisinantes et envoient l’argent à leur famille. Le coronavirus a tout fait basculer très vite. Toutes ces personnes ont dû revenir à la maison et n’ont plus aucun revenu.

Certaines familles survivent en cultivant la patate, le haricot et le maïs, mais à très petite échelle. Ne pouvant surveiller leurs récoltes de riz et de maïs, beaucoup finissent par les perdre. Elles n’ont pas les moyens d’acheter l’équipement dont elles auraient besoin et se retrouvent le bec à l’eau.

Celles qui ont accès à des terres ne peuvent souvent pas les cultiver faute de semences. Elles doivent donc se résoudre à acheter le maïs et les haricots dont elles se nourrissent.

Les familles les plus pauvres sont enfermées chez elles pour se protéger contre le virus, mais elles souffrent de la faim. Elles n’ont plus accès au maïs duquel elles se nourrissent principalement. La communauté de Río Grande souffre d’une grave pénurie alimentaire. Les épiceries sont vides, car les voies d’accès sont bloquées et aucun camion d’approvisionnement ne passe.

Nous sommes isolés, manquons de nourriture et sommes coupés de notre communauté.

CARE travaille avec les communautés du monde entier pour sauver des vies et aider à stopper la propagation de COVID-19. Nous nous appuyons sur notre expérience passée en matière de réponse aux épidémies de maladies infectieuses dans les communautés vulnérables – tout en nous concentrant sur les femmes et les filles, car nous savons qu’elles sont touchées de manière disproportionnée par les situations d’urgence. Nous poursuivons notre travail pour mettre fin aux inégalités et réduire la pauvreté, mais nous adaptons nos projets pour relever les défis actuels de COVID-19.

Le projet PROLEMPA de CARE ne fait pas exception à la règle. Afin de soutenir les besoins émergents de ses participants face aux conséquences de la pandémie dans le pays, CARE et ses partenaires adaptent la conception du projet pour être en mesure de répondre à la crise.

Vous pouvez aider des gens comme Gladis et des communautés du Honduras en soutenant le projet PROLEMPA de CARE, en partenariat avec SACO, SOCODEVI, TechnoServe et SAJE Montréal Centre et financé par le gouvernement du Canada, par l’intermédiaire d’Affaires mondiales Canada. Le PROLEMPA vise à améliorer les chances des femmes, des jeunes et des personnes marginalisées vivant dans la pauvreté d’accroître leur bien-être financier en tant que propriétaires de petites entreprises et agriculteurs dans le corridor sec du Honduras.

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