Entraide et bienveillance : L’histoire d’une dame ayant reçu un colis CARE

Erika Bennedik, donatrice de CARE Canada, se souvient du colis CARE qu’elle a reçu avec les membres de sa famille après la deuxième guerre mondiale et de l’influence que ce cadeau a eue sur sa vie.

Je suis née en Allemagne en 1941, pendant la Deuxième Guerre mondiale. Ma famille et moi vivions à Cassel, où mon père travaillait comme ingénieur à l’usine Henschel.

Paraplégique, mon père a dû surmonter un certain nombre d’obstacles pendant la guerre, d’autant plus que l’un de ses parents était juif. Ma mère était infirmière dans un sanatorium. C’est là qu’elle a rencontré mon père, qui se remettait de l’empoisonnement alimentaire à l’origine de sa paralysie. Trois semaines plus tard, ils étaient fiancés.

Mes parents avaient trois enfants lorsque la guerre a éclaté en 1939. Mon père, qui a pourtant obtenu son doctorat en ingénierie alors qu’il était hospitalisé, était sans emploi. Un jour, un directeur d’usine a reconnu sa vive intelligence qui pourrait s’avérer inestimable à son usine. Mes parents ont trouvé un appartement situé au rez-de-chaussée d’une vieille maison accessible aux personnes à mobilité réduite, dans un quartier résidentiel que les bombes ne risquaient pas de pulvériser, à moins qu’elles ne ratent leurs cibles. Mon père utilisait un petit véhicule motorisé qu’il avait lui-même fabriqué pour franchir la longue distance qui le séparait du travail. Nous vivions en face d’un hôpital qui était rapidement alerté lorsque le secteur menaçait d’être attaqué, ce qui permettait au personnel hospitalier de déplacer les patients au sous-sol. Mon père communiquait avec l’hôpital avant de se rendre en ville au moyen d’un code spécial pour s’assurer que les déplacements pouvaient être effectués en toute sécurité.

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En 1943, les Forces armées américaines et britanniques ont bombardé notre ville, dont les bâtiments ont été détruits dans une proportion de près de 90 % en une seule nuit. Les membres de ma famille et moi avons été très chanceux. Nous avons été épargnés, car nous vivions en périphérie de la ville. Après l’événement, nous avons été évacués dans une petite ville située à environ 40 à 60 km du lieu qui venait d’être bombardé. L’usine Henschel a également été épargnée, de sorte que mon père a pu continuer de s’y rendre durant la semaine pour y travailler.

Lorsque la guerre a pris fin, nous avons nettoyé nos villes transformées en ruines et rebâti nos vies. En 1946, nous sommes revenus à Cassel. C’est à ce moment-là que nous avons commencé à recevoir des colis CAREMD d’une famille de la Californie. Ce souvenir est encore frais dans ma mémoire. Les colis étaient assez gros. En les ouvrant, nous découvrions toutes les belles choses qu’ils contenaient : des pains de savon Sunlight, qui étaient très utiles pour une grande famille comme la nôtre qui avait beaucoup de vêtements à laver, du café moulu, des boîtes de fromage cheddar (nous n’avions jamais mangé de fromage orange auparavant!) et, parfois, des haricots séchés, des légumineuses et des lentilles. Nous recevions également des vêtements que nous assemblions pour nous faire de nouvelles robes.

Nous avions de la difficulté à nous nourrir convenablement après la guerre. Les plantes qui produisaient les baies de sureau étaient robustes et poussaient à travers les ruines des bâtiments détruits. Nous récoltions les fruits pour faire de la soupe, du vin et de la liqueur. Nous mangions également de la salade de pissenlit et pratiquement tout ce qui nous tombait sous la main.

On nous a distribué des cartes de rationnement, que nous devions présenter au magasin où nous allions acheter des produits alimentaires de base. Les colis CARE nous ont été d’un grand secours, puisqu’ils contenaient des produits que nous n’aurions jamais pu nous procurer autrement.

Erika Bennedik

DESTINATAIRE DE L’UN DES PREMIERS COLIS CARE

Pendant des années, nous sommes restés en contact avec la famille californienne qui nous avait envoyé des colis CAREMD. Lors de son passage à l’université, ma sœur aînée est allée vivre en Californie pendant un an dans le cadre d’un échange étudiant. Elle s’est établie dans la ville où les membres de cette famille habitaient. Elle les a rencontrés et a tissé des liens très étroits avec eux. Ils nous ont envoyé des cartes postales et nous avons échangé avec eux pendant longtemps.

Après le lycée, j’ai voulu étudier la musique. J’ai commencé par obtenir un diplôme en enseignement privé de la musique d’une petite école allemande, après quoi je me suis établie au Canada pour étudier à l’Université de Toronto. J’ai par la suite intégré l’Orchestre symphonique de Winnipeg, où j’ai joué pendant 12 ans, et l’Orchestre d’opéra de Vancouver, au sein duquel j’ai évolué pendant près de 30 ans. Je vis maintenant à Vancouver avec mon mari. Nous sommes ensemble depuis plus de 40 ans. J’enseigne toujours la musique et j’apprends à utiliser les nouvelles technologies pour intégrer les plateformes virtuelles à ma pratique.

La pandémie de COVID-19 qui nous frappe actuellement me rappelle l’après-guerre. Lorsque j’ai vu des gens faire des réserves de produits essentiels, comme du papier de toilette, je me suis remémoré cette époque où nous n’avions d’autre choix que d’utiliser du papier journal en guise de papier hygiénique. Nous avons dû nous adapter et faire preuve de débrouillardise, ce que beaucoup de personnes ont fait au cours des dernières semaines lorsqu’elles ont constaté qu’il n’y avait plus de pain ni de viande sur les tablettes des épiceries.

Je pense que les expériences que j’ai vécues lorsque j’étais enfant me permettent de mieux apprécier les plaisirs simples de la vie. En ces temps difficiles, j’encourage toute personne en quête d’espoir et d’inspiration à savourer ces petits plaisirs, que ce soit en admirant la nature, en sortant par une belle journée ensoleillée ou en allant marcher dans la forêt.

L’entraide est omniprésente en ce moment. Mon mari et moi avons été soutenus par les membres de notre communauté, ce qui m’a profondément touchée. Comme je suis en attente d’une chirurgie qui a été reportée, je me déplace maintenant à l’aide d’une marchette. Mes amis et mes voisins se relaient pour nous préparer des repas. L’autre jour, mon voisin a apporté des steaks fraîchement cuits sur le barbecue! De telles démonstrations de bienveillance sont essentielles, maintenant plus que jamais. Si nous nous entraidons et agissons avec amour et compassion, nous allons surmonter cette épreuve, comme nous l’avons fait il y a 75 ans.

VOUS POUVEZ AIDER DES FEMMES ET DES JEUNES FILLES DANS LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT À OBTENIR LES OUTILS ET LE SOUTIEN DONT ELLES ONT BESOIN POUR SURVIVRE AUX SITUATIONS DE CRISE ET AINSI CONTRIBUER À CRÉER UN MONDE PLUS ÉGALITAIRE ET RÉSILIENT.

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