Travailleurs migrants Syriens : survivre après la catastrophe

Abdallah a 17 ans. Originaire du gouvernorat de Deir ez-Zor en Syrie, il est arrivé au Liban à l’âge de 13 ans, laissant derrière lui ses parents et sa famille. Dès son arrivée, il trouve du travail dans un atelier de menuiserie du quartier Karantina à Beyrouth et est plus tard embauché dans une filature.

Abdallah ne sait ni lire ni écrire. À la filature, il s’occupe de nettoyer et de faire sécher les peaux de mouton. L’été, il travaille sur le toit pour que les peaux puissent sécher sous les rayons du soleil.

Secteur aujourd’hui défavorisé, Karantina, ou « la Quarantaine », trouve son nom au début du siècle dernier. À cette époque, le quartier, situé près du port, accueillait des voyageurs arrivant de pays aux prises avec des épidémies. Ces voyageurs étaient interdits d’entrée dans la ville pendant 40 jours.

Le 4 août dernier, deux explosions ont ravagé Beyrouth, détruisant au passage la filature où travaille Abdallah et toutes les autres usines du quartier.

Quelques-uns des frères d’Abdallah travaillent aussi au Liban. Dans ce pays, les emplois manuels du secteur industriel, de l’agriculture ou de la construction sont généralement occupés par des étrangers, en particulier des Syriens. Et c’était déjà le cas bien avant l’arrivée des réfugiés fuyant le conflit en Syrie.

Un ami d’Abdallah, Abdelmouein, se trouve aussi à Beyrouth. En fait, c’est grâce à ce dernier si Abdallah a été embauché à la filature. Les deux amis y font le même travail. Malheureusement, Abdelmouein a été tué par les explosions. Il n’avait que 23 ans.

Aux côtés des quelques cousins d’Abdelmouein vivant également au Liban, Abdallah a accompagné la dépouille de son ami jusqu’à la plaine de la Bekaa, où il a été enterré, seul et loin de sa famille restée en Syrie.

Après une longue journée de travail, Abdelmouein s’est assoupi dans l’un des lits que la filature met à la disposition de ses travailleurs. C’est à ce moment que l’explosion a soufflé le quartier. Un mur s’est écroulé sur le jeune homme.

Abdelmouein travaillait depuis neuf ans dans cette filature et gagnait 190 000 livres libanaises par semaine, soit environ 27 $ depuis l’effondrement de la devise.

Plus de 47 travailleurs migrants – la majorité des Syriens – ont péri dans les explosions de Beyrouth. Des centaines d’autres ont été blessés. En plus des 880 000 réfugiés recensés au pays, le Liban accueille quelque 500 000 travailleurs migrants syriens.

Bien avant la catastrophe, les travailleurs migrants, les réfugiés et les travailleurs domestiques étaient parmi les groupes les plus vulnérables à la crise économique qui frappe le Liban. Et leur situation n’ira pas en s’améliorant. Au contraire. Les explosions ont détruit leurs lieux de travail et moyens de subsistance. Le domicile de nombre d’entre eux a aussi été endommagé.

Faire des plans d’avenir, voire penser à l’avenir, est désormais un luxe pour Abdallah. Il est en état de choc et fait de son mieux pour simplement survivre.

CARE s’associe à des partenaires du Liban pour apporter, dans les premiers mois, un soutien immédiat vital à la population touchée : nourriture, aide financière et psychosociale et produits d’hygiène. Nous sommes aussi à l’œuvre pour fournir une aide durable par la remise en état des refuges et la prestation d’un soutien technique, d’une aide financière et de ressources psychosociales à long terme pour lutter contre la violence sexiste. Une telle catastrophe attise les tensions et jette à la rue des milliers de personnes qui se retrouvent dans des refuges temporaires, sans protection.

CARE Canada est fière d’être membre de la Coalition humanitaire, un regroupement des organismes d’aide phares du Canada qui unissent leurs forces pour recueillir des fonds, travailler avec le gouvernement et mobiliser les médias, les entreprises et la population du pays quand survient une situation d’urgence. Du 4 au 24 août, le gouvernement du Canada égalera chaque dollar remis en don aux membres de la Coalition, jusqu’à concurrence de 5 millions de dollars.

Grâce à votre soutien, CARE peut aider ces hommes et ces femmes qui ont presque tout perdu à se nourrir, à se loger et à retrouver la sécurité.

DONNER MAINTENANT