Le monde se porte mieux quand elles président aussi aux destinées

À l’instar des célébrations entourant les réalisations des femmes, les appels à l’action pour un monde plus égalitaire se sont multipliés. Nous célébrons en ce moment un triste anniversaire : la première année de la déclaration de l’état de pandémie de COVID-19. Si des gens, tous genres confondus, sont touchés par la crise, les répercussions sur les femmes, les jeunes filles et les personnes non binaires sont hors de proportion.   

Nous devons agir dès maintenant pour nous assurer que n’aient pas été menées en vain des décennies de lutte pour le droit des femmes, la réduction de la pauvreté et la construction de la capacité de résilience. Mais cette fois, au lieu d’agir en silos, nous devrons utiliser comme tremplin le leadership des organisations locales, des communautés et des femmes.

Au cours de la dernière année, sont parvenues à nos oreilles des histoires de femmes des quatre coins du monde, porteuses d’espoir et d’inspiration, montrant la voie à suivre pendant la pandémie.  Notre première ligne d’intervention – premiers répondants, fournisseurs de soins de santé, soignants, activistes et leaders – est essentiellement composée de femmes. Plusieurs études ont démontré qu’il y avait davantage d’issues positives à la COVID-19 dans les pays dirigés par des femmes en raison de leur attitude proactive et inclusive. Une étude datant d’août 2020 a démontré qu’il y avait statistiquement moins de décès dans les États américains dirigés par des gouverneures du fait qu’elles privilégiaient une culture inclusive.

Est-ce donc dire que tous les dirigeants doivent être des femmes? Non. Toutefois, nous avons constaté à maintes reprises que le monde se porte mieux lorsqu’elles font aussi partie des instances. Sachant donc que le leadership des femmes sera la clé d’un monde plus inclusif et égalitaire à l’issue de la pandémie… qu’est-ce qui nous retient?

Le pouvoir des femmes est souvent sapé par notre incapacité à garantir leurs droits fondamentaux et à adhérer à leurs priorités. Les dirigeantes et les femmes au pouvoir au Canada sont parvenues à de telles fonctions parce qu’elles ont accès à la sécurité, à la santé et à un travail digne. Et plus de femmes de tous les milieux sociaux prendraient les rênes si elles avaient un meilleur accès à ces droits fondamentaux.

Le leadership des femmes transcende les frontières, et c’est d’autant plus vrai en ces temps de solidarité mondiale.

Cette année, au moment de célébrer les femmes, soutenons également leur leadership. Saisissons cette occasion de contribuer à l’édification d’un monde plus juste et équitable.  Parce que ce monde sera meilleur – pour nous toutes et tous.

Barbara Grantham

Présidente et chef de la direction, CARE Canada

Toutes les femmes doivent être à l’abri de la violence sexiste et avoir accès à des espaces et des programmes qui préviennent la violence à l’égard des femmes et les en protègent, que ce soit à la maison, en milieu de travail ou dans la communauté.  Pour nombre de femmes, restrictions, couvre-feux et revers économiques les ont confinées avec leurs agresseurs, ce qui a entraîné une augmentation considérable de la violence sexiste et des mariages forcés de mineures. Les femmes et les jeunes filles sont en quelque sorte dans l’ombre de la pandémie; protections juridiques et sociales sont reléguées au second plan du fait que prévalent les règles sanitaires.

Pour assurer leur santé, toutes les femmes et les jeunes filles doivent pouvoir prendre des décisions concernant leur propre corps et avoir pleinement accès à des services de santé sexuelle et reproductive. Bien que les études préliminaires indiquent que les hommes sont à risque de développer des formes plus sévères de la COVID-19 et présentent un taux de mortalité plus élevé, les femmes se heurtent à de multiples menaces qui vont au-delà des conséquences physiologiques de la maladie. C’est trop souvent armées d’une protection insuffisante que les femmes, qui représentent 70 % des travailleurs de la santé dans le monde, mènent la riposte contre la pandémie.

Toutes les femmes méritent également d’occuper des emplois sûrs et dignes – valorisants et valorisés. Nous devons alléger le fardeau des soins non rémunérés. Ce labeur peu reconnu et sous-évalué n’a fait que s’accroître pendant la pandémie, ce qui équivaut à une double journée de travail pour celles qui ont conservé leur emploi. Les femmes doivent pouvoir accéder aux connaissances et aux ressources pour acquérir des compétences et ainsi gagner leur vie de manière sûre et équitable. Il faut s’élever contre les lois, politiques et systèmes discriminatoires.

En aidant les femmes à se prévaloir de leurs droits fondamentaux, on libère leur leadership. Mais le travail ne doit pas se limiter au pouvoir féminin. Nous devons faire des hommes et des garçons de puissants alliés qui joindront leurs voix et agiront pour soutenir les droits et le leadership des femmes.