Profil de partenaire : Las Hormigas

CARE travaille avec des partenaires locaux incroyables dans le monde entier pour aider à réaliser des projets qui ont un impact significatif et durable sur les individus et les communautés. Las Hormigas est l’un de nos partenaires du projet PROLEMPA au Honduras.

Que fait votre association et où est-elle située?

Las Hormigas (« les fourmis ») est une association communautaire composée de femmes d’Intibucá, au Honduras. Nous sommes présentes dans les municipalités du département d’Intibucá et, maintenant, dans celles des départements de Lempira et de La Paz.

Nous mettons en œuvre des mesures de prévention de la violence envers les femmes et menons des campagnes de sensibilisation afin d’éveiller les esprits aux enjeux qui se rattachent à la violence conjugale, familiale et sexuelle. Nous orchestrons en outre des campagnes de sensibilisation sur la violence sexiste et l’autonomisation des femmes tout en défendant nos idées auprès des autorités locales et nationales.

Comment votre organisation s’associe-t-elle à CARE?

Grâce au projet PROLEMPA de CARE, soutenu par Affaires mondiales Canada, Las Hormigas a pu étendre son action à des départements qui ne relevaient pas de sa mission première, comme ceux de La Paz et de Lempira. Nous cherchons ainsi à faire avancer les politiques municipales en faveur des droits des femmes tout en proposant des formations sur la violence sexiste. Comme nous avons pu le voir, le fait de coordonner nos efforts avec ceux des réseaux et associations de femmes de la région de Lempa nous permet de créer une structure qui donne plus de poids à nos revendications.

Au Honduras, la loi exige que 5 % des budgets municipaux soient affectés à l’autonomisation économique des femmes. En collaboration avec des groupes et entreprises de femmes, Las Hormigas et PROLEMPA rédigent des propositions d’affaires et les présentent à l’assemblée publique de leur conseil municipal en vue d’obtenir son approbation et son soutien financier. Le projet PROLEMPA veille en gros à ce que ces 5 % soient investis comme il se doit dans l’autonomisation économique des femmes.

Quelles répercussions de la pandémie avez-vous observées chez les femmes de votre région?

Pendant le confinement, les femmes de nos municipalités ont souffert surtout de la perte des revenus qui leur permettaient de subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. La plupart sont des productrices qui, faute de pouvoir vendre leur récolte, ont perdu une grande partie de leur gagne-pain. D’autres qui travaillaient en entreprise privée ont été congédiées.

Non seulement la violence conjugale s’est intensifiée, mais les femmes ont été privées de l’aide dont elles avaient besoin en raison de la fermeture des services. Nous avons enregistré pendant cette période une hausse des appels de victimes de maltraitance nous demandant de les aider à porter plainte officiellement contre leur agresseur. Bon nombre ne pouvaient signaler leur situation elles-mêmes en l’absence de transports publics.

Sur le plan de la santé, presque toutes les ressources étaient accaparées par la pandémie. [Les femmes] étaient laissées à elles-mêmes, à défaut d’attention accordée à leurs besoins en matière de santé sexuelle et reproductive. Le nombre de viols de mineures ayant fait l’objet d’un signalement a augmenté lui aussi.

Comment les femmes se sont-elles montrées à la hauteur de ces défis?

Tout comme d’autres organismes, nous sommes allées au plus pressant et avons commencé par répondre aux besoins en vivres. Puis, nous avons financé l’aménagement de potagers familiaux pour assurer un approvisionnement futur en denrées. Les réseaux [municipaux] de femmes ont plaidé auprès des gouvernements locaux pour qu’ils fournissent des vivres, des biens de première nécessité et des équipements de protection individuelle (EPI), mais aussi pour qu’ils assurent la production de certains aliments qui permettraient de répondre aux besoins les plus criants à long terme.

Les femmes ont manifesté leur solidarité et leur soutien mutuel. Les ménages qui jouissent d’un meilleur accès à la nourriture ont partagé leurs ressources avec d’autres familles [moins bien nanties].

Comment votre association s’efforce-t-elle d’habiliter les femmes à jouer un rôle actif à long terme, au-delà de la pandémie de COVID-19?

Nous faisons en ce moment ce que nous appelons un « travail de fourmi » : nous nous rendons dans les communautés, nous passons une partie de la journée avec les femmes en respectant toutes les mesures sanitaires et nous organisons des campagnes sur les réseaux sociaux et d’autres médias comme la radio et la télévision. Nous sensibilisons les populations et travaillons concrètement à enrichir les connaissances sur les droits des femmes et à expliquer les différentes activités de défense des intérêts que celles-ci peuvent mener.

Nous agissons également auprès des jeunes pour les sensibiliser à l’importance de défendre les droits des femmes et de prévenir la violence dont elles sont victimes.

Comment pouvons-nous agir individuellement et collectivement pour que les femmes de partout jouent un rôle moteur dans la création d’un monde meilleur pour toutes et tous?

Nous devons renforcer le pouvoir d’action des associations de femmes locales et encourager la participation des citoyennes au sein des instances décisionnelles. Mais avant que les femmes n’intègrent ces sphères, nous devons désapprendre les fondements du système patriarcal qui nous ont été inculqués. Bien souvent, les détenteurs du pouvoir reproduisent ces schémas problématiques. Nous devons effectuer un travail de sensibilisation, puis renforcer les capacités des femmes pour leur permettre de participer aux processus décisionnels à l’échelle régionale, départementale et municipale. Ainsi, elles seront plus nombreuses à proposer des mesures qui répondent à la fois aux besoins immédiats et aux intérêts à long terme de leurs consœurs.

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