« Il faut croire en soi et s’épauler mutuellement » : l’histoire de Loujain

Photo: Tarek Satea/CARE

Comme beaucoup de mamans, Loujain était inquiète pour ses trois filles et souhaitait les prémunir contre la COVID-19. Un jour, elle a eu l’idée de mettre à profit son expérience dans le domaine de l’imprimerie pour fabriquer des couvre-visages à l’effigie des personnages des dessins animés préférés de ses filles, et ainsi les encourager à se protéger.

« Mes filles ont adoré ces petits personnages et ont commencé à porter leur couvre-visage dès qu’elles en avaient l’occasion. Progressivement, l’idée a fait le tour de mes amies et j’ai commencé à recevoir des commandes de couvre-visage personnalisés », raconte Loujain.

Dans une petite pièce de son appartement, Loujain gère désormais son atelier d’imprimerie à l’aide d’un ordinateur, de machines à imprimer et d’images de personnages. Lorsqu’elle étudiait la littérature anglaise en Syrie pour devenir enseignante, Loujain n’aurait jamais imaginé qu’elle dirigerait un jour sa propre entreprise en tant que réfugiée vivant en Turquie.

Loujain s’est fait de nombreux amis et s’est constitué un vaste réseau au sein de la communauté de réfugiés de Nizip, dans le sud de la Turquie. C’est d’ailleurs ce même réseau qui l’a encouragée à se porter volontaire auprès de CARE afin de devenir animatrice communautaire. Depuis le début de sa mission, Loujain a organisé des séances de sensibilisation pour les femmes autour de la protection, du travail des enfants et du mariage précoce. Elle a également bénéficié de conseils juridiques de CARE Turquie. Grâce à son engagement, Loujain est devenue un modèle et une véritable mentore pour les femmes qu’elle a soutenues.

Il y a quatre ans, après que la maladie a poussé son mari à arrêter le travail, Loujain a commencé à réfléchir à des moyens créatifs de soutenir son époux et d’assurer un revenu à sa famille.

« J’ai réfléchi à une idée d’entreprise qui me permettrait de mettre mes compétences à profit. J’ai donc acheté une imprimante et un ordinateur, et j’ai commencé à tirer des photos de mariage », se souvient-elle.

Grâce à des vidéos en ligne, Loujain a appris à imprimer sur des tasses et des tee-shirts, et a ainsi pu progressivement étendre son activité.

« La force, c’est la clé pour surmonter les horreurs de la guerre. Il faut [donc] croire en soi et s’épauler mutuellement. De nombreuses femmes syriennes ont perdu leur mari durant les combats et, avec lui, leur principal soutien familial. Elles doivent par conséquent élargir leurs compétences pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs proches. Si je gouvernais le monde, je soutiendrais les femmes et j’encouragerais leur rôle tant au travail que dans la société en général. »

Loujain

Au début, Loujain ne disposait pas du capital suffisant pour acheter les outils nécessaires à la création de son entreprise. Puis, elle a appris l’existence du programme de CARE en faveur de l’autonomisation économique des femmes. Grâce au microcrédit que CARE lui a accordé, elle a finalement été en mesure de se procurer le matériel dont elle avait besoin. Ainsi, son entreprise a prospéré, et elle a pu rembourser son prêt et réaliser des bénéfices.

« Je suis plus forte aujourd’hui, et je participe même à la prise de décisions au sein de ma famille. Nous pouvons désormais nous offrir tout un tas de choses qui nous étaient auparavant inaccessibles. Je suis en tout cas heureuse d’avoir réussi à épauler mon époux durant cette période difficile. Les hommes et les femmes doivent coopérer et se soutenir mutuellement afin de pouvoir mener une vie convenable », déclare Loujain.

Loujain croit fermement qu’il est possible de construire un monde plus égalitaire en renforçant le leadership des femmes.

« Nous avons besoin de plus de femmes aux commandes, car elles pensent et voient les choses autrement. Elles parviennent à trouver un équilibre entre les enfants, la famille et le travail, et c’est bien là la preuve de leur force, soutient Loujain. Elles font aussi plus d’efforts dans la vie de tous les jours, et sont donc capables de s’investir davantage à un poste de direction. »

Loujain rêve d’un monde égalitaire, où la guerre et les déplacements de populations n’existeraient pas.

« Personne ne devrait vivre dans la crainte d’un avenir incertain. Lorsque j’étais à l’école avec mes amies, on avait pour habitude d’imaginer l’endroit où l’on se trouverait en l’an 2020. On parlait de nos rêves et de nos aspirations. Mais aucune d’entre nous n’a jamais pensé une seconde devoir surmonter des épreuves aussi difficiles. J’étais bien loin de me douter que je deviendrais réfugiée en Turquie, que certaines de mes amies perdraient la vie dans une guerre, et que d’autres encore seraient déplacées puis éparpillées dans différents pays », déplore-t-elle.

Loujain encourage les femmes à renforcer leurs compétences et à devenir plus autonomes.

Elle explique : « La force, c’est la clé pour surmonter les horreurs de la guerre. Il faut [donc] croire en soi et s’épauler mutuellement. De nombreuses femmes syriennes ont perdu leur mari durant les combats et, avec lui, leur principal soutien familial. Elles doivent par conséquent élargir leurs compétences pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs proches. Si je gouvernais le monde, je soutiendrais les femmes et j’encouragerais leur rôle tant au travail que dans la société en général. »

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