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En cette Journée mondiale des réfugiés, je réfléchis à cette phrase souvent entendue depuis que nos vies ont été bousculées par la COVID-19 : « Personne ne sera protégé tant qu’il y aura des laissés-pour-compte ». La COVID-19 ne connaissant aucune frontière, seule la coopération mondiale peut sauver des vies, car nous sommes tous étroitement liés les uns aux autres. Pourtant, la pandémie a révélé et exacerbé les inégalités, et souvent, les populations vulnérables ont été celles qui se retrouvaient le bec à l’eau.
Les données de CARE sont probantes : la COVID-19 a eu des effets disproportionnés sur les femmes et les jeunes filles, effets qui menacent des années de progrès chèrement acquis pour les droits des femmes. Et les réfugiées sont celles qui en pâtissent le plus.
Pendant la pandémie, quelque 80 millions de personnes déplacées de force, dont près de la moitié sont des femmes et des jeunes filles, ont affronté des difficultés inimaginables (perte de moyen de subsistance, camps surpeuplés, stigmatisation et manque d’accès aux soins médicaux de base).
Elles subissent en plus des préjudices particuliers, notamment un risque accru de violence et de maltraitance. Selon le plus récent rapport de CARE, entre 16 % et 39 % des femmes déplacées en Afghanistan, en Équateur et en Turquie ont affirmé que les risques de violence et de maltraitance ont augmenté dans leur communauté en raison de la COVID-19.
Malgré cette sombre réalité, les femmes déplacées font preuve d’une résilience remarquable, comme c’est souvent le cas. Elles se réapproprient leurs droits, bousculent les normes sociales et s’érigent en meneuses lors de situations d’urgence. Elles sont une lueur d’espoir quand l’obscurité règne. En cette Journée mondiale des réfugiés, je vous raconte le leadership de trois femmes : Halatu, Lami et Marisa. J’espère que leur force et leur résilience sauront vous inspirer autant que moi.


Halatu Benjamin dans le camp d’Omugo, situé dans le nord de l’Ouganda. © CARE Ouganda
Les femmes devaient parcourir près de 10 km pour se rendre au point de distribution alimentaire le plus proche. Inquiète de la situation, Halatu, une réfugiée sud-soudanaise vivant dans le camp d’Omugo en Ouganda, a rallié son groupe de femmes pour organiser un boycottage pacifique afin que le point soit rapproché de la communauté. Halatu ne s’est pas arrêtée là. Elle s’est impliquée au sein du Conseil pour le bien-être des réfugiés et en brigue désormais la présidence, une fonction traditionnellement masculine.
« Les femmes leaders comprennent mieux les enjeux des autres femmes et peuvent attirer l’attention sur ces questions », explique Halatu.


Lami et son groupe d’épargne au Niger. © CARE Niger
Dans le camp de réfugiés où vit Lami, au Niger, les femmes et les jeunes filles sont exposées à un risque élevé de violence sexuelle. Lorsqu’une vague de viols nocturnes a balayé le camp, Lami, présidente d’un groupe d’épargne, a mobilisé les autres membres et ensemble, elles se sont présentées aux forces de l’ordre de la région et ont exigé qu’une patrouille ait lieu chaque nuit pour assurer la sécurité des femmes du camp.
« C’est ma plus belle réalisation, souligne-t-elle. Je n’avais aucune crainte. Personne n’a pu m’arrêter. J’ai pris la défense de nos droits devant tout le monde. »
Dans la région de Diffa au Niger, des femmes comme Lami s’impliquent de diverses façons pour protéger les plus vulnérables. Entre autres, elles organisent des séances de sensibilisation à la violence fondée sur le genre et plaident pour la création d’espaces où les enfants peuvent s’occuper en toute sécurité quand ils ne sont pas en classe.


Marisa travaille avec une employée de CARE Colombie. © CARE Colombie
Marisa a dû affronter la dure réalité du long périple qui l’a menée du Venezuela en Colombie. Elle a fait le chemin avec des femmes enceintes, des enfants seuls et d’autres gens très vulnérables. Tous vivaient sous la menace constante des vols et des trafiquants. La COVID-19 ayant attisé la xénophobie à l’égard des migrants et des réfugiés en Amérique latine, Marisa savait que, même quand elle aurait trouvé refuge, elle serait exposée à de l’hostilité.
« Mon don, c’est que je peux transformer le négatif en positif. J’essaie de ne pas laisser toute la place à la tragédie. C’est ma philosophie. Je veux toujours que mon passage laisse des traces bénéfiques. » Et c’est exactement ce qu’elle a fait comme vice-présidente de l’Association des femmes entrepreneures de Cristo Rey, l’un des quartiers les plus défavorisés de Pamplona où vit une forte proportion de migrants.
L’Association aide les femmes à se lancer en affaires et à revitaliser le quartier pour que tous en profitent : les migrants et les communautés hôtes. Marisa affirme que ce travail lui a donné un sentiment d’appartenance.
« Quand je parle à d’autres femmes, je vois éclater les frontières. Nous sommes toutes des femmes et, peu importe nos origines, nos émotions et nos pensées se rejoignent. »
Destiné aux humanitaires de première ligne, le programme « Women Lead in Emergencies » est le premier outil pratique qui aide les femmes à prendre les devants dans la gestion des crises qui les concernent, elles et leur entourage. Cette approche permet de mettre les décisions – et l’argent – directement entre les mains des femmes touchées par une crise. CARE et ses partenaires accompagnent les groupes de femmes et les aident à prendre conscience de leurs droits, à renforcer leur confiance et leur esprit de solidarité, et à entreprendre des actions collectives pour améliorer leur vie et celle de leur communauté. Cliquez ici pour en savoir plus [seulement en anglais].