Aider à protéger la population du Yémen contre la COVID-19 : L’histoire de Mona

Mona vit dans un camp pour personnes déplacées au Yémen, où elle mène un projet de promotion de l’hygiène.

En 2017, le Yémen a connu la pire épidémie de choléra de son histoire moderne, qui a fait des millions de victimes au pays. La maladie, qui au plus fort de la crise aurait emporté une personne chaque heure, a causé 3 757 décès. Près de 60 % des cas étaient des enfants.

« J’ai beau essayer, mais je ne pourrai jamais oublier la souffrance des tout-petits qui ont contracté le choléra », raconte Mona.

Cette situation l’a poussée, à 22 ans, à entreprendre un travail bénévole pour contribuer à freiner la propagation de la maladie dans le camp de personnes déplacées du Yémen où elle s’est installée avec sa famille après avoir fui les violences au sein du gouvernorat d’al-Hodeïda, en 2016. Plusieurs jours après leur arrivée, son père est tombé malade et est décédé.

Dans les camps pour personnes déplacées, l’absence d’égouts et de latrines ne laisse souvent d’autre choix que de se soulager en plein air. C’est sans compter que la majorité n’a pas accès à des contenants propres où mettre l’eau des pompes, ce qui l’expose à un risque d’infections ou de maladies comme le choléra.

Devant ce problème, Mona s’emploie à promouvoir de saines habitudes d’hygiène dans le camp – une mission qui redouble d’importance maintenant qu’il faut aussi freiner la propagation de la COVID-19.

« Le fait d’être une personne déplacée m’a toujours incitée à agir pour aider mes semblables, explique-t-elle. J’ai toujours eu un profond désir et une forte volonté de soutenir ma famille et ma communauté. »

Après six ans de conflit, les deux tiers de la population du Yémen ont besoin d’aide humanitaire pour faire face à ce qui se révèle la pire crise sur la planète. On estime que ce sont 4 millions de personnes qui, comme Mona et sa famille, ont été déplacées à l’intérieur du pays. Et dans un contexte de pandémie, les Yéménites ont beaucoup de mal à obtenir de l’eau potable, des installations sanitaires et des conditions d’hygiène adéquates, ce qui accroît leur vulnérabilité à la COVID-19.

Mona started an initiative to clean and sterilize water tanks at distribution points and is also part of a volunteer team with CARE Yemen that goes door-to-door in the camp to distribute hygiene kits. Photo: Bassam Saleh/CARE

« Je m’inquiète constamment que mon peuple contracte le choléra, la malaria ou, plus récemment, la COVID-19 », confie-t-elle.

La moitié des cliniques du pays étant fermées ou dysfonctionnelles, le réseau de santé yéménite n’est pas suffisamment bien préparé pour faire face aux éclosions de COVID-19. Au 16 mars, on déclarait officiellement plus de 2 900 cas et plus de 700 décès, bien que la capacité de dépistage soit limitée et que le nombre de cas réel soit sans doute beaucoup plus élevé, affirment les Nations unies, qui ont exprimé des préoccupations au sujet de la communication des données. Mona a lancé une initiative visant à nettoyer et à stériliser les réservoirs d’eau aux points de collecte. Elle fait également partie d’une équipe de bénévoles de CARE Yémen qui distribue, de porte en porte dans le camp, des trousses d’hygiène contenant savon, détergeant et autres articles de première nécessité. Mona encourage par ailleurs l’adoption d’habitudes d’hygiène comme le lavage des mains, la salubrité alimentaire et l’utilisation adéquate des latrines.

« Au cours de mes visites, je mets toujours l’accent sur l’éducation des enfants parce que ce sont les plus vulnérables. De plus, ils ont une capacité extraordinaire à s’adapter et à modifier les comportements de leur famille », indique-t-elle.

Au cours de l’année écoulée, CARE et de nombreux autres organismes d’aide humanitaire au Yémen ont intégré à leur travail des mesures d’intervention à la pandémie. Des milliers de bénévoles actifs au cours des épidémies de choléra diffusent maintenant de l’information sur la prévention du virus.

« J’éprouve une immense satisfaction à distribuer des trousses d’hygiène aux familles déplacées, conclut Mona. J’ai remarqué que, grâce à une meilleure sensibilisation, les maladies transmissibles ont amorcé un recul dans le camp, notamment chez les enfants. »

Vous pouvez contribuer à habiliter des femmes du monde entier comme Mona à devenir des leaders dans leur foyer et leur communauté.

Faire un don