Rencontre avec une chef burundaise qui lutte contre les violences faites aux femmes

Mécontente que les problèmes des femmes soient relégués au second plan dans sa communauté, Sylvie s’est présentée aux élections… et les a remportées!

En 2020, Sylvie Twagirayezu a été élue chef de Kibimba, une collectivité nichée dans les montagnes du Burundi. Elle vit avec son mari et leurs neuf enfants, dont quatre sont des orphelins adoptés.

Sylvie explique être devenue elle-même orpheline très jeune.

« J’ai perdu mes 2 parents durant la guerre civile alors que je n’avais que 13 ans, confie-t-elle. Comme j’étais l’aînée de sept enfants, j’ai dû quitter l’école pour m’occuper de mes frères et sœurs. Je vendais des bananes et des boissons pour les nourrir. »

Cette fibre entrepreneuriale lui a été profitable puisqu’elle gère aujourd’hui un commerce de boissons avec son mari.

Sylvie a entendu parler du programme Every Voice Counts (chaque voix compte) de CARE par l’entremise de l’association villageoise d’épargne et de crédit (AVEC) dont elle est présidente. Avec d’autres membres de sa communauté, elle a participé à une formation au leadership et a échangé sur le rôle des femmes dans la prise de décisions.

C’est de là qu’a germé son idée de briguer le mandat de chef de sa collectivité.

« Every Voice Counts m’a vraiment ouvert les yeux, indique-t-elle. Forte des connaissances acquises grâce à ce programme, j’ai ressenti le véritable besoin de me présenter aux élections de 2020. Cette formation m’a aussi permis de prendre conscience des difficultés auxquelles les femmes de ma communauté se heurtaient. Néanmoins, il est souvent compliqué pour elles de parler de ces problèmes à des hommes. C’est pour cette raison que, même si je n’occupais aucune charge officielle, beaucoup sont naturellement venues me livrer leurs frustrations. J’avais donc à cœur de les représenter et d’assurer un lien solide entre elles et les autorités. »

Elle poursuit : « Mais ma campagne n’a pas été un long fleuve tranquille. Les hommes qui exerçaient déjà une fonction élective doutaient de mes capacités à gérer et à diriger. Ils prétextaient que j’avais un fil à la patte avec mon commerce et mes enfants, et que je n’aurai pas de temps à consacrer à mon mandat. J’étais à deux doigts d’abandonner. Heureusement, les femmes des groupes d’épargne m’ont soutenue jusqu’au bout et j’ai finalement obtenu 86 % des voix. J’éprouve beaucoup de compassion envers les membres de ma communauté, et je suis à l’écoute des personnes dans le besoin. Je pense que c’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai été élue à la quasi-unanimité. Aujourd’hui, je peux dire avec fierté que je les représente comme il se doit. De surcroît, les femmes n’ont maintenant plus peur d’intégrer des organes décisionnels. »

« J’encourage d’autres femmes à s’engager dans des associations et à se faire élire dans des organes décisionnels. Je crois que lorsque nous serons plus nombreuses, il y aura moins de violences perpétrées à notre égard. »

Sylvie Twagirayezu

CHEF DE KIBIMBA, AU BURUNDI

Depuis qu’elle est devenue chef, Sylvie a déjà repéré les personnes les plus vulnérables de sa communauté et les a aidées à trouver un logement. Elle a également œuvré pour rendre les routes plus praticables. Elle représente en outre 11 collectivités dans le cadre d’un programme gouvernemental de lutte contre les violences sexistes. Son dévouement est sans bornes.

« Ma plus grande ambition est de contribuer à l’éradication des violences faites aux femmes dans notre communauté, s’enthousiasme Sylvie. Je veux que Kibimba soit un modèle pour les collectivités des alentours et que l’on puisse apprendre de nous. »

Sylvie espère que son exemple fera des émules et concourra à améliorer la condition féminine.

Elle conclut : « J’encourage d’autres femmes à s’engager dans des associations et à se faire élire dans des organes décisionnels. Je crois que lorsque nous serons plus nombreuses, il y aura moins de violences perpétrées à notre égard. »

Vous pouvez donner les moyens d’agir à des femmes comme Sylvie. En misant sur elles, vous les aiderez à prendre les rênes au sein de leur foyer et de leur communauté.

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