Guerre en Ukraine : les nouvelles du terrain après trois mois de conflit

Après avoir fui le sud de l’Ukraine, Lydia a trouvé refuge dans un abri temporaire en Roumanie. SERA, un partenaire de CARE, fait don de vêtements et d’autres produits de première nécessité pour venir en aide au centre. Lucy Beck, CARE

LORSQUE LES COMBATS ONT ÉCLATÉ EN UKRAINE LE 24 FÉVRIER DERNIER, LE DRAME HUMAIN S’ANNONÇAIT INÉVITABLE. DEPUIS, DES MILLIONS DE CIVILS ONT DÛ QUITTER LEUR FOYER; DES INFRASTRUCTURES ESSENTIELLES ONT ÉTÉ ANÉANTIES; DES VILLES ENTIÈRES SE SONT RETROUVÉES SANS NOURRITURE, SANS EAU ET SANS ÉLECTRICITÉ; ET DE NOMBREUSES PERSONNES ONT PERDU LA VIE.

Aujourd’hui, plus de 6,4 millions de personnes ont fui l’Ukraine et pas moins de 8 millions d’autres ont été déplacées à l’intérieur du pays. Comme souvent, les femmes et les enfants paient le plus lourd tribut à la crise. Ils représentent en effet 90 % des réfugiés et 63 % des personnes déplacées au sein des frontières ukrainiennes.

Trois mois après le début du conflit, le personnel et les partenaires de CARE en Ukraine et dans les pays limitrophes vous éclairent quant à la situation sur le terrain.

UKRAINE : LA PÉNURIE DE CARBURANT COMPLIQUE ENCORE L’ACHEMINEMENT DU MATÉRIEL MÉDICAL ET DE L’AIDE HUMANITAIRE

Depuis février, les Nations Unies ont recensé 236 attaques contre des établissements de santé en Ukraine. Les humanitaires se heurtent au quotidien à d’innombrables défis logistiques sur le terrain qui compliquent l’acheminement de l’aide aux personnes dans le besoin.

« À cause des bombardements incessants, il est extrêmement difficile de livrer du matériel médical aux hôpitaux, qui en ont pourtant grand besoin, déplore Valeria Tatarchuk, fondatrice et directrice générale de Tvoya Opora, organisme partenaire de CARE. À cette situation déjà complexe vient s’ajouter une grave pénurie de carburant. Nous sommes donc sérieusement freinés dans notre action, et ne parvenons pas toujours à apporter notre aide aux personnes qui en ont besoin. »

CARE met d’ailleurs en garde contre l’extrême précarité de la situation médicale dans le pays, qui expose les femmes et les jeunes filles en âge de procréer à des risques graves. Le Fonds des Nations Unies pour la population estime en effet que 80 000 femmes accoucheront au cours des trois prochains mois en Ukraine, et que la plupart d’entre elles n’auront pas accès aux soins maternels de première nécessité.

De plus, les besoins des femmes et des jeunes filles en matière de santé reproductive ne sont pas satisfaits. Dans un contexte marqué par des déplacements massifs de populations et des combats incessants, les questions de la planification familiale, de l’hygiène menstruelle et autres sont souvent laissées en suspens.

« Où que ce soit dans le monde, un accouchement n’est jamais sans risque, raconte Siobhán Foran, coordonnatrice régionale de CARE, spécialisée dans les questions d’égalité des genres en situation d’urgence. Mais en Ukraine, les femmes enceintes ne savent souvent même pas si elles pourront recevoir des soins ni si le lieu de leur accouchement sera à l’abri des combats. »

POLOGNE : L’ÉDUCATION OFFRE UNE BOUÉE DE SAUVETAGE AUX ENFANTS ET AUX ENSEIGNANTS RÉFUGIÉS

Rien qu’en avril, les Nations Unies ont rapporté que plus de 100 enfants avaient été tués en Ukraine et que 1748 établissements scolaires avaient été attaqués. Pour les enfants ayant réussi à fuir à l’étranger, l’éducation demeure une incertitude.

En Pologne, 195 900 enfants ukrainiens ne sont pas scolarisés. En partenariat avec le Centre polonais d’aide internationale (PCPM), CARE a donc embauché des interprètes et des enseignantes ukrainiennes pour travailler dans les écoles polonaises.

Daria Khyshenko has been part of the teacher program since April. She herself is a mother who has been forced to navigate these uncertain times while continuing to make her son's education a priority.

Raegan Hodge/CARE

Daria Khyshenko participe depuis avril à ce programme en tant qu’enseignante. Elle-même maman, elle a continué à donner la priorité à l’éducation de son fils, en dépit des aléas de cette période troublée.

« L’école, c’est ce qu’il y a de plus important, aussi bien pour les enfants que pour les parents. Les enfants se font toujours une joie de se voir, même s’ils ne se connaissent pas. Les parents, eux, profitent de ce moment pour effectuer certaines démarches, explique Daria. Pendant qu’elles savent leur enfant en sécurité avec les enseignantes, les mamans peuvent par exemple aller demander de l’aide ou chercher un travail. Il est important pour nous toutes et tous de se raccrocher à ces habitudes. Il n’y a rien de pire que l’instabilité. »

ROUMANIE : UNE AIDE PSYCHOSOCIALE APPORTE UN PEU DE RÉCONFORT À DES RÉFUGIÉS UKRAINIENS TRAUMATISÉS

Les psychologues ont prédit qu’environ un tiers des réfugiés ukrainiens souffriraient de dépression, de troubles anxieux ou d’autres troubles post-traumatiques liés au stress.

<p>Florian Koleci, a Romanian psychiatrist, in his office with a client&#039;s dog.&nbsp;</p>

Florian Koleci

Récemment, 500 psychiatres, travailleurs sociaux et professionnels de la santé présents à la frontière roumano-ukrainienne et dans divers centres de transit se sont vu offrir une formation axée sur l’aide psychosociale d’urgence et le counseling contre les traumatismes. Florian Koleci, psychiatre formé à la thérapie cognitivo-comportementale et à l’art-thérapie, a lui-même bénéficié de cette initiative.

« J’ai fait du bénévolat et travaillé avec des réfugiés ukrainiens qui arrivaient à la gare centrale et à l’aéroport de Bucarest. La plupart d’entre eux me confiaient des problèmes tragiquement habituels quand on laisse sa maison et tout ce qu’on a derrière soi. Il s’agissait souvent de questions d’ordre pratique, liées à la suite de leur périple ou aux démarches à entreprendre pour rester et travailler en Roumanie. Dans tous les cas, j’essaie surtout de les écouter et de leur accorder l’espace nécessaire pour pouvoir réfléchir sereinement à leur situation », indique M. Koleci.

L’INTERVENTION DE CARE :

En date du 12 mai, CARE et ses partenaires étaient venus en aide à plus de 260 000 personnes en Ukraine, en Pologne, en Roumanie, en Moldavie et en Géorgie. Nous avons contribué à répondre à leurs besoins essentiels : logement, éducation, nourriture, eau, produits d’hygiène, soutien psychosocial, assistance aux victimes de violences sexistes et aide financière.

Les montants généreusement versés par nos donateurs du monde entier seront distribués sur une période de trois ans, afin d’apporter un soutien continu aux personnes touchées par ce conflit.

En Ukraine, CARE appuie plusieurs organismes partenaires, qui ont fait leurs preuves en matière de coopération au développement et d’aide humanitaire. Nous soutenons également sur le plan financier diverses initiatives locales et actions bénévoles plus modestes, en vue de répondre avec souplesse aux besoins sur le terrain. De plus, nous mettons des abris et des espaces sûrs à la disposition des femmes et des familles. Nous offrons aussi de la nourriture, de l’eau, des produits d’hygiène, un soutien psychosocial et une aide financière aux populations victimes de ce conflit. Comme toujours, CARE tient compte des besoins particuliers des femmes et des jeunes filles, des enfants et des personnes âgées et handicapées. Jusqu’à présent, CARE et ses partenaires ont apporté leur aide à environ 260 000 personnes en Ukraine.

GRÂCE À VOTRE DON, DES FAMILLES RESTÉES EN UKRAINE ET RÉFUGIÉES DANS LES RÉGIONS AVOISINANTES POURRONT DÈS À PRÉSENT BÉNÉFICIER D’UNE AIDE ET DE SERVICES D’URGENCE.

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