Briser le cycle de la pauvreté liée aux règles : l’histoire d’Alice

Alice et sa mère Dusenge. Toutes les photos ont été prises par Hajarah Nalwadda de CARE Ouganda. 

D’après le collectif mondial sur les menstruations, plus de 320 millions de femmes ont chaque jour leurs règles dans le monde. Pourtant, nombreuses sont celles qui n’ont toujours pas accès à des produits d’hygiène menstruelle ainsi qu’à de l’information et à des services adaptés. C’est ce qu’on appelle la pauvreté liée aux règles.

CARE a le privilège de travailler aux côtés de femmes, de jeunes filles, de membres de la communauté, d’employées, de partenaires et de bénévoles du monde entier afin de briser le cycle de la pauvreté liée aux règles. Ensemble, nous veillons à ce que les femmes et les jeunes filles puissent s’impliquer dans toutes les sphères de la société pour exprimer leur plein potentiel.

Faites la connaissance d’Alice, l’une des nombreuses participantes du cours sur l’hygiène menstruelle que nous donnons en Ouganda. Elle a accepté de revenir avec notre équipe et celle de notre organisme partenaire, WoMena (en anglais), sur certaines de ses expériences liées à la menstruation. Elle s’est également livrée sur les difficultés qu’elle a rencontrées et la façon dont elle a pu les surmonter avec l’aide de sa famille.

Alice

Les règles sont l’une des choses les plus naturelles au monde. Mais la première fois, de nombreuses jeunes filles n’ont aucune idée de ce qui leur arrive. La désinformation et les tabous peuvent pourtant avoir des conséquences sérieuses. De nombreuses jeunes filles manquent par exemple l’école parce qu’on leur demande de rester à la maison pendant leurs règles.

« J’étais à l’école la première fois où j’ai eu mes règles. Je n’ai pas compris ce qui se passait et j’ai taché mes vêtements », raconte Alice qui vit dans un camp de réfugiés en Ouganda.

De retour chez elle, Alice a eu peur de se confier à ses proches. D’ailleurs, elle n’a pas vraiment reçu beaucoup d’aide de leur part : sa mère l’a obligée à rester à la maison.

C’est le jour où Alice a reçu une coupe menstruelle et de l’information sur son corps que sa vie a enfin pu changer.

UN VÉRITABLE MODÈLE POUR LES AUTRES JEUNES FILLES

CARE et son organisme partenaire, WoMena, ont collaboré pour lutter contre la stigmatisation liée aux règles au sein des camps de réfugiés en Ouganda. Dans le cadre de cette initiative, nous avons procédé à des distributions de coupes menstruelles et proposé des cours aux jeunes filles et à leur famille.

Ce cours a permis à Alice et à bien d’autres, y compris à des parents, de se forger un nouveau regard sur les règles.

« Le cours nous a aidés en tant que parents. Nous avons pu en apprendre davantage sur la menstruation et sur l’approche à adopter pour mieux la gérer. De plus, nous avons reçu de l’information sur la coupe menstruelle et sur la façon de l’utiliser. Ce projet s’est révélé très bénéfique pour nous », déclare Dusenge, la mère d’Alice.

Alice est également devenue un modèle pour les autres jeunes filles du camp. Elle a même convaincu plusieurs d’entre elles d’assister au cours. Aujourd’hui, elle est bénévole. Elle s’efforce de lutter contre les stéréotypes et les tabous liés à la menstruation dans le camp, anime des cours, et fait du porte-à-porte afin d’informer et de sensibiliser la population.

« Elle a maintenant plus confiance en elle. Je vois même des jeunes filles qui suivent son exemple et la réclament », témoigne la mère d’Alice. Elle ajoute d’ailleurs que son mari et elle se sont décidés à renvoyer leur fille à l’école lorsqu’ils ont constaté cette évolution favorable.

UNE ÉDUCATION PAS EXCLUSIVEMENT RÉSERVÉE AUX FEMMES

Rafiki, Alice's father

Rafiki, le père d’Alice

Le père d’Alice, Rafik, est marié et a deux filles. Il pensait pourtant que les femmes devaient s’isoler durant leurs règles.

« Ce cours sur la menstruation a permis de bousculer les idées reçues. Il m’a fait progressivement adopter un nouveau regard, confesse Rafik. Je sais désormais que les règles font partie intégrante de la vie et qu’elles ne changent rien. Elles ne doivent pas bouleverser le quotidien. »

Il pense que la clé pour mettre fin à l’isolement des jeunes filles durant leurs règles est de continuer à sensibiliser et à informer les hommes.

« Lorsque mes filles ont commencé à avoir leurs règles, mon mari ne voulait pas en entendre parler, et encore moins leur apporter du soutien ou de l’aide. Depuis qu’Alice participe à ce projet, nous communiquons plus librement et pouvons parler de règles même quand il est dans la pièce », se félicite Dusenge, la mère d’Alice.

L’ÉDUCATION, UNE NÉCESSITÉ ABSOLUE

« Aujourd’hui, je me sens libre et bien dans ma peau. Je peux aborder le sujet de la menstruation avec ma famille et mes amis, car je sais que les règles n’ont rien de honteux », se réjouit Alice.

Pourtant, Alice aurait aimé recevoir cette information plus tôt.

« Je suis tombée enceinte parce que je ne connaissais pas suffisamment mon corps. Ce manque d’information constitue un véritable obstacle pour les jeunes filles », confie-t-elle.

Mais l’avenir s’annonce prometteur. Alice suit désormais une formation pour devenir technicienne de laboratoire.

Elle conclut : « Je veux faire bouger les choses au sein de ma famille et de ma communauté. Ce projet a eu des répercussions formidables, et m’a aussi prouvé que je pouvais changer la donne. »

VOS DONS NOUS PERMETTENT DE FINANCER DES PROGRAMMES DESTINÉS À SOUTENIR LES FEMMES ET LES JEUNES FILLES DU MONDE ENTIER, AFIN QU’ELLES PUISSENT ENFIN RÉVÉLER LEUR PLEIN POTENTIEL.

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