Jordanie : Ra’eda a la solution

Nadia Bseiso/CARE

Par Sarah Easter, directrice des communications d’urgence, CARE Allemagne et CARE Autriche

QUE FAIRE EN CAS DE FUITE D’EAU OU DE CONDUITE OBSTRUÉE À ZARQA, EN JORDANIE? LA SOLUTION EST SIMPLE.

Appelez Ra’eda. 

Ra’eda Abu Halawa gagne sa vie comme plombière. Elle installe des réservoirs d’eau et répare ou pose des conduites dans les cuisines et les salles de bains. Elle fait figure d’exception en Jordanie, où peu de femmes font ce métier. Mais cela ne la tracasse pas le moins du monde.

Les services de plomberie de Ra’eda font l’objet d’une forte demande, mais comme la quasi-totalité des secteurs d’activité, ils ont été mis à rude épreuve par la pandémie.

« Pendant la pandémie, mon mari et mon fils Hassan touchaient seulement la moitié de leur salaire, explique Ra’eda. Mon autre fils, Abud, a même perdu son emploi. J’ai donc dû agir. »

« Nous étions en confinement et j’obtenais très peu de contrats. Je me suis tout de même organisée pour en décrocher quelques-uns », ajoute-t-elle.

Elle doit maintenant composer avec les répercussions de la guerre en Ukraine, qui a fait bondir le prix des aliments, du carburant et des engrais sur les marchés mondiaux.

« Les gens préfèrent garder leur argent pour payer une facture d’épicerie de plus en plus élevée que de s’offrir mes services. J’espère que la situation va bientôt changer. »

Et pourtant, il n’est pas question pour Ra’eda de jeter l’éponge.

« Ma clientèle a besoin de moi. Je travaille souvent dans des salons de beauté ou dans les sections des mosquées réservées aux femmes. »

Les normes culturelles font en sorte que les femmes se sentent souvent mal à l’aise quand un plombier vient effectuer des travaux chez elles en l’absence des hommes de la famille. Il n’est pas rare qu’elles soient seules à la maison pendant que leur mari travaille.

« Comme je suis une femme, elles m’ouvrent plus volontiers leurs portes. Cela rend la situation plus sûre pour tout le monde », poursuit Ra’eda.

Malgré son succès, les affaires n’étaient pas florissantes pour Ra’eda il y a quelques mois.

« On m’a volé des outils dont j’ai absolument besoin pour faire mon travail. Avec l’appui de CARE, j’ai pu acheter les outils et équipements lourds qui me sont indispensables. J’ai également reçu de l’aide financière, ajoute-t-elle avec le sourire. Maintenant, j’ai même des pièces de rechange et je peux commander des fournitures à l’avance. »

Non seulement CARE a pu aider Ra’eda à se procurer du matériel, mais l’organisme a tenu une formation où elle a appris à confectionner ses propres cartes professionnelles.

« Ma carte professionnelle est magnétique. On peut la fixer au frigo et avoir mon numéro à portée de main en cas d’urgence », précise-t-elle fièrement.

Son plus grand rêve est d’ouvrir son propre établissement de vente et de location d’outils.

Je suis très fière d’être l’une des rares plombières en Jordanie et j’aimerais voir d’autres femmes emboîter le pas.

Ra’eda

Les robinets qui fuient et les conduites d’eau à réparer ne manqueront certainement pas dans le futur. Et, qui sait, la réponse au problème pourrait être Ra’eda, mais aussi bon nombre de ses concitoyennes.