L’histoire de Barbara : de l’insécurité alimentaire à l’autonomie financière

Par  Josephine Bonsu and Laura Noel, CARE UÉtats-Unis

« La nourriture nous procure de la joie. Elle est à la source de tout sur cette terre et donc au cœur de chacune de nos actions. »

Enseignante à la retraite, Barbara vit à Larwehkrom, un village de producteurs de cacao situé dans l’ouest du Ghana.

Elle raconte : « Quand il y a de quoi manger, toute la famille est heureuse. Mais quand les vivres viennent à manquer, votre mari se met en colère et la joie déserte la maison. Pour moi, la nourriture est synonyme de bonheur et de sécurité. »

À Larwehkrom, Barbara a pu constater à quel point la sécurité des femmes et des jeunes filles pouvait être précaire.

En 2020, 5,6 % de la population ghanéenne souffrait déjà de la faim et 36,6 % d’insécurité alimentaire grave ou modérée, selon les Nations Unies. Depuis, les systèmes alimentaires mondiaux ont été largement ébranlés par la guerre en Ukraine, et les collectivités agricoles comme celle de Barbara ont encore été fragilisées. À l’heure où nombre d’agricultrices et agriculteurs préparent les sols en vue de la prochaine saison, les engrais se font rares et les coûts des produits de base s’envolent. À l’échelle nationale, l’inflation flirte avec les 40 % et les prix du carburant et des denrées essentielles telles que le pain ont plus que doublé.

Évidemment, personne n’aurait pu prédire un tel scénario, mais Barbara travaillait déjà depuis quelques années avec CARE pour s’assurer de la résilience de sa communauté en cas de crise.

A woman stand in the middle of a circle of people speaking.
Barbara prend la parole lors d’une réunion de son association villageoise d’épargne et de crédit (AVEC), à Larwehkrom.

Le régime alimentaire quatre étoiles

Mère de six enfants, Barbara participe activement à la vie de Larwehkrom et est depuis longtemps reconnue comme une figure de proue de sa communauté. Elle souhaitait cependant faire encore plus pour aider la population à briser le cycle de l’insécurité et des pénuries alimentaires, sans vraiment savoir par où commencer.

En 2016, CARE a invité Barbara à s’initier au jardinage dans le cadre d’un de ses programmes. L’objectif était d’apprendre aux habitantes et habitants de villages comme Larwehkrom à cultiver assez de nourriture pour traverser les périodes difficiles. Les denrées de base comme le maïs et le manioc constituent les trois premières étoiles de ce que le Service de santé ghanéen (GHS) appelle son « régime alimentaire quatre étoiles » – un concept créé pour faire reculer la malnutrition et la faim dans le pays.

Barbara a démarré comme bénévole, mais a rapidement intégré la direction du Comité de développement communautaire.

« Cette formation en jardinage a été utile […], car elle a permis à la communauté d’avoir accès à des ingrédients frais pour son alimentation, résume Barbara. Grâce à ce programme, les autres femmes et moi-même avons pu aussi faire des économies. Nous n’avons en effet plus besoin d’acheter des denrées de base comme les tomates, les œufs et les piments. »

Après avoir compris comment cultiver ces produits, Barbara s’est attaquée à la quatrième étoile du régime alimentaire préconisé par le GHS : les protéines animales.

A woman stands in a barn carrying chickens eggs
A woman stands proudly smiling and holding a bag with CARE's logo on it

Elle a alors obtenu un prêt de son association villageoise d’épargne et de crédit (AVEC) afin d’acheter des poules au ministère de l’Alimentation et de l’Agriculture. Avec l’aide de CARE, elle a ensuite appris à en faire l’élevage. Très vite, Barbara s’est trouvée en possession de dizaines de poules et a ainsi pu vendre des œufs aux familles des environs et au marché.

« On est venu me former au fonctionnement des associations villageoises d’épargne et de crédit. Je me suis beaucoup investie dans le programme et me suis portée volontaire pour former à mon tour d’autres personnes, explique Barbara.  Au départ, j’avais un groupe de neuf femmes et de six hommes, et dès la première année […], nous avons dégagé un bénéfice. Nous l’avons donc partagé. »

La formation à la production alimentaire a aidé la communauté à adopter un régime plus sain et plus varié. Mais les associations villageoises d’épargne et de crédit ont permis à Barbara et aux autres créatrices et créateurs d’entreprise d’aller encore au-delà. Ils sont en effet parvenus à atteindre une sécurité non seulement alimentaire, mais aussi financière.

« Pauvreté et violence vont toujours de pair. Mais maintenant, les femmes gagnent de l’argent, se réjouit Barbara. Elles ont un emploi, travaillent sur les marchés, achètent et vendent des biens. Elles ont ainsi pu échapper au cycle de la pauvreté. Et ce n’est pas tout : elles sont désormais en sécurité. »

Elle poursuit : « Nous avons 15 groupes en ce moment. La plupart des femmes que j’ai formées ont pu créer leur AVEC, gagner en autonomie financière et devenir leur propre employeuse. »

Mais Barbara a conquis plus encore que la sécurité alimentaire et financière : elle a également hérité d’une véritable force intérieure.

« Grâce à la formation de CARE sur l’autonomisation, j’ai maintenant confiance en moi : pour tout, partout, tout le temps, confie-t-elle. Cette confiance ne me quitte jamais. Même en cas de coup dur, c’est mon autonomie nouvelle qui m’aide à me relever. C’est aussi elle qui a mis au jour plusieurs de mes talents. Aujourd’hui, la peur a déserté ma vie. »

Elle conclut : « Je suis très heureuse de travailler avec CARE comme bénévole au sein de l’AVEC, car on aide les gens à sortir de la pauvreté. Quelqu’un n’a rien, vit dans la misère ou a besoin d’argent? On lui tend la main. Quelqu’un est en situation de détresse ou à l’hôpital? On va sur place pour le réconforter. C’est un véritable motif de satisfaction. Et ce modèle est non seulement applicable à Larwehkrom, mais aussi à la planète entière. »

Les femmes comme Barbara font bouger les choses au sein de leur famille et de leur communauté. En leur apportant votre soutien, vous contribuez à bâtir un monde plus juste et plus égalitaire pour toutes et tous.