Un jour dans la vie d’un spécialiste en réduction des risques de catastrophes aux Philippines

Les Philippines se classent parmi les pays les plus vulnérables au changement climatique. Ce pays subit les effets de tempêtes tropicales, de fortes pluies et d’inondations. En novembre 2013, il a été secoué par la terrible dévastation du typhon Haiyan, l’un des typhons les plus puissants jamais enregistrés. CARE a déployé des projets de développement d’urgence aux Philippines axés sur la réduction des risques de catastrophes et sur l’adaptation au changement climatique, principalement afin de bâtir et de renforcer la résilience des gens.

Deeji Baclig, une spécialiste de CARE aux Philippines en matière de réduction des risques de catastrophes, explique comment elle s’affaire à aider les habitants des communautés rurales à protéger l’environnement et à s’adapter au changement climatique.

Philippines

2 h

Je m’éveille et me prépare pour mon vol tôt en matinée vers Iloilo, l’une des provinces sévèrement touchées par le typhon Haiyan en 2013. J’habite à Manille et je me rends régulièrement dans des communautés soutenues par CARE pour y donner des formations, fournir de l’assistance technique à nos partenaires locaux et veiller à ce que les participants de nos projets soient bien guidés dans l’application des connaissances et des techniques que nous transmettons.

6 h

Je viens d’atterrir à Manille. De l’aéroport, je me dirige vers San Dionisio, une ville côtière dans la région nord de la province où nous menons notre projet de production d’algues. CARE fournit du soutien financier et de la formation à dix villages de San Dionisio pour que des algues y soient plantées et cultivées – je souligne que les algues représentent l’un des produits d’aquaculture les plus importants aux Philippines.

9 h

Je discute fréquemment avec le conseil municipal de San Dionisio, c’est-à-dire avec l’assemblée législative. Comme nous voulons nous assurer de recevoir l’appui de la communauté relativement à la réduction des risques de catastrophes et à l’adaptation au changement climatique, il importe que nous collaborions avec les membres du gouvernement afin de protéger la biodiversité marine de San Dionisio. Je leur présente une étude menée par CARE portant sur la gestion et la protection des ressources côtières, plus particulièrement celles reliées à la production des algues.

Community association on seaweed production in the Philippines

10 h

Pour arrimer nos actions aux initiatives du gouvernement, je rencontre aussi l’agent municipal des Pêcheries afin de mieux comprendre les projets gouvernementaux et voir de quelles façons ils s’alignent avec nos activités. CARE offre du soutien technique aux pêcheurs – tant hommes que femmes – en leur faisant découvrir toute une variété d’algues à l’épreuve du changement climatique ainsi que des techniques et des technologies « intelligentes ».

La plupart du temps, je travaille avec les autorités locales ainsi qu’avec le Bureau des Pêcheries et des Ressources aquatiques pour aborder certains défis rencontrés par les gens qui prennent part à nos projets. Un exemple concret : le récent phénomène météorologique El Niño. Ce dernier diminue la pêche et, en raison des chaleurs extrêmes, affecte certaines des algues par ce que les gens de la région appellent la maladie « ice-ice ». Cette maladie singulière survient lorsque des changements de salinité (concentration des sels dissous dans l’eau), ainsi que la température de l’océan et l’intensité de la lumière rompent l’équilibre des algues et attirent les bactéries dans l’eau. Cela génère une diminution de la production et de la qualité des algues, qui meurent ou se fragilisent. Pour faire face à cette situation, nous enseignons aux participants de nos projets comment contourner le problème en favorisant une plantation en haute mer. Ce type de plantation assure que la température de l’eau de mer demeure entre 27 et 30 °C, soit la température idéale pour la croissance des algues marines.

13 h

Après le lunch, je visite des plantations d’algues situées près du rivage. Les participants du projet de CARE ont formé des associations communautaires, ce qui leur permet d’être structurés et de bien gérer leurs affaires. Certaines associations sont sous la gouverne de femmes, et il en existe même une qui a été dirigée par toutes les femmes qui en étaient membres. Durant ma visite, j’ai évalué leurs techniques agricoles et de production, et je me suis assurée que ces techniques étaient sans danger pour l’environnement. J’ai aussi aidé les associations à résoudre les difficultés qu’elles rencontrent. Par ailleurs, nous avons avisé les hommes et les femmes pêcheurs qu’ils ne devaient pas enlever les algues, car elles filtrent les polluants et servent de nourriture et d’habitat pour diverses espèces marines. Ma visite m’a aussi permis d’entrer en contact avec les bénéficiaires de nos projets et de discuter avec eux des changements positifs qu’ils notent dans leur vie. Je me sens privilégiée d’être témoin de leur développement personnel et de leur capacité à relever leurs défis. Je suis fière de dire que ces gens ont fait preuve de résilience et savent mieux maintenant comment se préparer à l’éventualité de catastrophes.

14 h 30

L’heure est venue pour moi de retourner en ville, de lire mes courriels et de rédiger mes rapports de suivi. Je crois que les expériences que j’ai vécues dans les nombreuses communautés que j’ai visitées nourrissent ma motivation à accomplir mon travail – en fait, ça dépasse le simple cadre du travail. J’adore passer du temps avec les gens des communautés et les aider à s’adapter au changement climatique. Comme mère, je sais que si nous protégeons aujourd’hui nos ressources naturelles, ça aidera les générations de demain. Je souhaite que mon fils puisse profiter d’un environnement sain et soit en mesure de résister aux catastrophes.


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