Confrontées à la COVID-19, des femmes Palestiniennes cultivent l’espoir

Bayan Farraj est mariée et mère de trois enfants. Voyez comment cette résidente de Cisjordanie a pu réaliser son rêve en lançant sa propre entreprise grâce au soutien offert dans le cadre du projet OBADER de CARE.

Pour de nombreuses mères de Cisjordanie et de la bande de Gaza, le confinement a été très ardu. Devant jongler entre les interminables tâches ménagères, les soins aux enfants, le stress psychologique et émotionnel et l’école à la maison, ces femmes, pour la plupart, n’avaient pas une minute à elles.

C’est le cas de Bayan Farraj, une femme mariée vivant à Ramallah. Outre l’éducation de ses trois enfants, Bayan assume des responsabilités qui l’ont cependant motivée à prendre du temps pour elle, notamment la gestion de son entreprise de produits de beauté naturels, Allure by Bayan (la beauté selon Bayan). Pharmacienne de formation, Bayan a étudié le processus de fabrication des médicaments dans le cadre de sa maîtrise, ce qui lui a permis de se lancer en affaires grâce au soutien du projet OBADER de CARE et de ses partenaires. L’apport du Forum des femmes entrepreneures a notamment permis à Bayan de mettre à profit les connaissances acquises dans le cadre de ses études et de réaliser son rêve.

Les données recueillies à l’échelle mondiale montrent que les femmes entrepreneures peinent à se relever de la pandémie de COVID-19. Un récent sondage révèle que 93 % d’entre elles ont immédiatement ressenti les contrecoups de cette pandémie et que 4 % estiment qu’elles en subiront les conséquences dans un avenir plus ou moins rapproché. Parmi les femmes déjà touchées, 44 % ont interrompu leurs activités et 3 % y ont mis fin définitivement. Cette même tendance est observée chez les Palestiniennes, qui ont indiqué dans une proportion de 95 % avoir subi les contrecoups de cette pandémie.

Bayan, qui se préparait pour l’un de ses pics saisonniers, a été particulièrement ébranlée lorsque les commerces ont subitement dû fermer leurs portes.

« J’avais préparé de jolis arrangements à l’occasion de la fête des Mères, le 21 mars, mais aucun n’a été vendu », nous confie-t-elle.

Craignant de perdre ses maigres investissements, Bayan a rapidement cherché des solutions. La formation qu’elle a suivie dans le cadre du projet OBADER lui a permis d’acquérir la confiance nécessaire à l’intégration des plateformes virtuelles à son modèle d’affaires et à la poursuite de ses activités.

« J’ai réactivé ma page Instagram pour faire la promotion de mes produits. J’ai également passé plus de temps à discuter avec mes clients pour leur expliquer la valeur ajoutée de mes produits. »

Grâce aux médias sociaux, Bayan a pu poursuivre ses activités malgré le confinement imposé par la pandémie. Son mari l’a aidée à livrer certains articles aux résidentes et résidents de Ramallah. La jeune femme a également profité du confinement pour investir dans la production d’articles qui mettent un certain temps à sécher, comme du savon. Grâce à ces nouveaux produits, Bayan pourra reprendre ses activités lorsque les commerces rouvriront.

De nombreuses entreprises se sont butées à des défis comparables pendant le confinement. Certaines n’ont pas pu honorer leurs commandes et, ce faisant, ont perdu plusieurs clients réguliers qui se sont tournés vers d’autres commerces.

Palestinian Women Coping with COVID-19 Palestinian Women Coping with COVID-19

Bayan a su faire preuve de créativité pour surmonter les difficultés et maintenir son entreprise à flot en ces temps bien particuliers. Elle a exploré des stratégies marketing axées sur la diminution de sa marge de profit, créé des offres promotionnelles pour ses clients et livré ses produits aux résidentes et résidents de la ville de Ramallah. Ses produits de qualité supérieure, entièrement faits d’ingrédients naturels, ont été vendus au même prix que les produits du commerce. Bayan a ainsi pu poursuivre ses activités et garder la confiance de ses clients, une stratégie qui a porté ses fruits.

La pandémie a incité des femmes entrepreneures de partout dans le monde à s’initier au cybermarketing. Les Palestiniennes ont acquis de nouvelles compétences leur permettant d’interagir en ligne avec leurs clients et d’utiliser les médias sociaux pour vendre leurs produits. Elles ont également offert des consultations virtuelles aux clients qui désiraient en savoir plus sur les produits avant de les acheter.

Les entrepreneures de Cisjordanie et de la bande de Gaza, connaissant peu les autres canaux de distribution et méthodes de paiement, font du cybermarketing par l’entremise des médias sociaux uniquement. La livraison des produits est limitée sur ces territoires en raison des restrictions liées aux déplacements, de sorte que ce sont souvent les femmes elles-mêmes, ou les membres de leur famille, qui assurent ce service. Il reste encore beaucoup de travail à faire en ce qui a trait à l’acquisition des connaissances et à la mise en place de politiques et de règlements visant à optimiser l’utilisation des plateformes virtuelles pour la vente en ligne, mais le fait que des femmes comme Bayan utilisent ces plateformes est encourageant.

Déterminée à trouver des solutions innovantes aux nombreux défis auxquels elle s’est heurtée, Bayan n’a jamais baissé les bras. Elle a adopté de nouvelles techniques et stratégies marketing, notamment en utilisant les plateformes numériques pour se bâtir une nouvelle clientèle locale et poursuivre ses activités commerciales.

L’apport des femmes entrepreneures comme Bayan est essentiel au redressement économique des ménages, des communautés et des secteurs d’activité au sein desquels elles évoluent. Cependant, des barrières systémiques telles que l’accès à du financement, la difficulté pour les femmes de commercialiser leurs produits, les normes sociales et la faible sensibilisation de la population à ces enjeux constituent des freins à l’innovation.

Nul ne sait combien de temps durera cette pandémie mondiale. C’est pourquoi il est impératif que les gouvernements, les chambres de commerce et les autres parties prenantes offrent davantage de soutien aux femmes pour assurer la poursuite de leurs activités. Il est également essentiel de mettre en place un réseau de soutien pour permettre à des entrepreneures comme Bayan de réseauter et de diffuser leurs connaissances. Les tendances du marché et les besoins récurrents de ces femmes pourront ainsi être ciblés, et tous pourront unir leurs efforts pour répondre à ces besoins.

Bien que des femmes comme Bayan aient trouvé des façons de rester en contact avec leurs clients par l’entremise des médias sociaux, il reste du chemin à faire pour permettre à des Palestiniennes à faible revenu et à de jeunes entrepreneures de maîtriser les rouages du marketing numérique et de comprendre la réglementation qui encadre cette pratique. L’accès aux technologies va bien au-delà de l’utilisation des médias sociaux. Dans un monde post-COVID, la maîtrise des nouvelles technologies et du marketing numérique sera essentielle pour toute entreprise qui aspire à connaître le succès.

Le projet OBADER de CARE, financé par le gouvernement du Canada et soutenu par nos partenaires locaux, aide les petites entreprises et leurs employés à augmenter leur pouvoir économique et à prospérer.

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