LE LEADERSHIP DU CANADA EN MATIÈRE D’AIDE INTERNATIONALE FÉMINISTE A SON IMPORTANCE

LE LEADERSHIP DU CANADA EN MATIÈRE D’AIDE INTERNATIONALE FÉMINISTE A SON IMPORTANCE

POUR LES PERSONNES COMME NOUS QUI TENTENT DE METTRE FIN AUX EFFETS TRÈS GRAVES DE L’EXTRÊME PAUVRETÉ ET DE PROMOUVOIR LE DROIT UNIVERSEL À LA DIGNITÉ, LE FÉMINISME EST BIEN PLUS QU’UN GESTE POLITIQUE. C’EST UN MOTEUR DE DÉVELOPPEMENT MONDIAL.

Depuis un an et demi, la Politique canadienne d’aide internationale féministe (PAIF) présente une vision dynamique de l’aide humanitaire canadienne.

Malgré le bien-fondé des critiques au sujet des programmes d’aide et de financement, la PAIF positionne le Canada comme le plus fervent défenseur des droits des femmes et de la personne, et ce, au moment même où ces droits sont menacés partout dans le monde par l’ascension des gouvernements populistes et par la « règle du bâillon mondial » rétablie par les États-Unis (règle qui limite le financement accordé aux organisations étrangères effectuant un travail lié à l’avortement).

Aujourd’hui plus que jamais, les femmes ont besoin d’aide pour faire entendre leur voix.

Le leadership du gouvernement du Canada en matière d’aide internationale féministe en fait un donateur de choix. CARE Canada a été témoin de la volonté croissante de ses collègues de CARE International et d’autres ONG mondiales de soutenir les politiques et programmes féministes et d’y participer.

Soulignons toutefois que ce virage a débuté avant l’arrivée au pouvoir du gouvernement actuel.

Le Canada est un fer de lance de la lutte contre le mariage forcé, le mariage précoce et le mariage des enfants depuis qu’il a cofinancé, en 2013, la première résolution de l’ONU en la matière. Le gouvernement Harper avait alors injecté d’importants capitaux dans les programmes visant à mettre fin à ces pratiques.

La PAIF s’inscrit dans la foulée de cette initiative et du travail accompli par les ONG canadiennes dans le dossier des droits des femmes. Elle s’écarte cependant des politiques antérieures du gouvernement canadien en ce qui a trait aux droits des femmes en matière de sexualité et de procréation.

Il est navrant de constater que plus de 50 % des décès maternels en Afrique subsaharienne sont dus à un avortement pratiqué dans des conditions insalubres.

La ministre du Développement international, Marie-Claude Bibeau, ne cesse de marteler qu’il faut assurer d’urgence un accès à des services d’avortement sûrs et abordables.

En effet, c’est dans le dossier des droits en matière de sexualité et de procréation que la PAIF a eu la plus grande influence. La politique factuelle du Canada a été saluée par bon nombre d’organismes civils canadiens et de partenaires internationaux. CARE a travaillé assidûment pour appuyer l’objectif de la politique par l’entremise de son partenariat avec le gouvernement du Canada dans le cadre du programme Voix et leadership des femmes et de la Stratégie pour la santé des femmes.

La PAIF met en lumière d’autres sphères négligées de la santé publique, dont la santé sexuelle des adolescentes, l’orientation sexuelle et la violence sexuelle en fonction des sexospécificités. La politique pose clairement les droits de la communauté LGBTQ2 comme un enjeu de développement important, enjeu que les anciennes formes de diplomatie d’influence balayaient le plus souvent sous le tapis.

Aujourd’hui plus que jamais, les femmes ont besoin d’aide pour faire entendre leur voix.

Marnie Davidson

CARE Canada

Accroître l’égalité des sexes dans les sociétés est un défi colossal. La PAIF permet toutefois à un organisme d’autonomisation comme CARE de promouvoir les droits des femmes. Par exemple, l’Initiative de nutrition en Afrique australe (SANI) que nous menons au Malawi, au Mozambique et en Zambie contribue à améliorer l’accès des femmes à une alimentation adéquate au moyen d’une approche axée sur la défense des droits. Au cours des trois prochaines années, CARE entend travailler avec plus d’un demi-million de personnes afin d’accroître les connaissances et les capacités locales en vue d’opérer un changement durable. La PAIF est le catalyseur de ces efforts de mobilisation et nous permet de concentrer notre énergie sur les droits des femmes à toutes les étapes des politiques et des programmes dans ces pays.

Certes, de nombreuses questions subsistent quant à la mise en œuvre de la politique. Les Canadiennes et Canadiens doivent continuer à exiger qu’Affaires mondiales Canada respecte son engagement à réaliser les objectifs de la PAIF. Ces engagements en faveur de l’égalité des sexes doivent également se poursuivre au-delà du prochain cycle électoral si nous voulons obtenir des résultats.

Pour les personnes comme nous qui tentent de mettre fin aux effets très graves de l’extrême pauvreté et de promouvoir le droit à la dignité, le féminisme est bien plus qu’un geste politique. C’est un moteur de développement mondial.

Marnie Davidson est directrice principale, Santé mondiale de CARE Canada.

Ce texte d’opinion est paru dans l’édition du 4 février 2019 du Hills Time. Il a été rédigé dans le cadre de la campagne Nourrir son avenir. Pour de plus amples renseignements, visitez le www.feedherfuture.ca/fr.

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