Crise climatique en Zambie : « Je veux à nouveau un foyer où je pourrai élever mes petits-enfants. »

Par Denise Schneider

Les inondations surviennent brusquement. Chuma Mwende était chez elle avec ses cinq petits-enfants quand ils ont été surpris par les eaux. C’est un grondement au milieu de la nuit qui les a prévenus. Ils ne savaient pas d’où le déferlement venait, seulement qu’ils devaient vite plier bagage. Des voisins les ont hissés à bord d’une charrette, d’où ils ont vu l’eau engloutir les habitations tout autour d’eux.

« Notre maison submergée… » se rappelle Chuma.

En quête de terre ferme, elle et ses voisins ont trouvé un champ à environ deux kilomètres du village. En Zambie, des résidents comme Chuma et ses petits-enfants subissent durement les contrecoups de la crise climatique : la saison sèche se prolonge, le sol se tarit. Les fortes précipitations pendant la saison des pluies se sont intensifiées au cours des dernières années. Les digues cèdent encore et encore, incapables de retenir les trombes d’eau, et inondent les terres voisines. Les crues emportent villages et cheptels, détruisent champs et récoltes. Or, une grande partie de la population rurale, qui vit de l’agriculture, dépend de la température et des moissons. L’instabilité du climat rend ce moyen de subsistance de plus en plus précaire.

Chuma a besoin pour marcher d’un bâton qui lui arrive aux épaules. Elle a le dos voûté.

« Nous avons tout perdu. À mon âge, j’ai du mal à me déplacer et je ne sais pas comment trouver de quoi nourrir mes petits-enfants », déplore-t-elle.

Au lieu de couler une retraite paisible, Chuma assume seule la charge de ses cinq petits-enfants. Ses propres enfants sont tous décédés. À six ans, Nchimunya, la plus jeune, ne quitte jamais sa grand-mère.

Quand ils ont été évacués, ils n’ont rien pu emporter. Ils n’avaient que les vêtements qu’ils portaient ce jour-là. Depuis janvier, la famille vit dans un camp avec 640 autres personnes, dont 347 enfants. En tout, ce sont près de 375 000 personnes qui ont été touchées par les inondations en Zambie entre janvier et mars 2023.

An elderly woman walks with a stick. The backdrop behind them is sunny, dry and sandy and there are other tents around.
Denise Schneider/CARE

Au départ, les personnes déplacées ont érigé des abris de fortune à partir des sacs en plastique et des longs bâtons qu’ils avaient trouvés. Pendant quatre jours, les pluies incessantes les ont retenues à cet endroit. Puis, des fonctionnaires du Bureau de gestion et d’atténuation des catastrophes de la Zambie ont remplacé les abris par de vraies tentes.

CARE a distribué des couvertures, des lampes solaires, des réservoirs d’eau, des casseroles et des seaux. Pour Chuma et les autres, ces tentes sont leur unique refuge. Elles peuvent abriter jusqu’à 16 personnes, souvent 2 familles. Il fait actuellement plus de 30 degrés dans le camp. Les averses ont cessé et feront bientôt place à la sécheresse. Déjà, les champs s’assèchent. En l’absence d’arbres pour faire de l’ombre, il règne une chaleur accablante dans les tentes.

Le quotidien de Chuma dans le camp consiste à trouver quelque chose à mettre sur la table. Le matin, les enfants vont chercher du bois et Chuma leur prépare du gruau. Puis, l’après-midi et le soir, ils mangent ce qui leur tombe sous la main. Parfois des voisins les tirent d’affaire, parfois les enfants récoltent des patates douces dans les champs et pêchent des poissons dans la rivière. Jamais ils n’ont la certitude qu’ils auront de quoi manger le lendemain. En fait, la précarité alimentaire est le lot de bien des gens en Zambie, l’un des pays qui affichent le taux de malnutrition le plus élevé d’Afrique. La moitié de la population ne mange pas à sa faim. Et les enfants sont touchés de plein fouet. Ce sont plus du tiers des bambins de moins de cinq ans qui souffrent d’un ralentissement de la croissance.

 

« Je veux à nouveau un foyer où je pourrai élever mes petits-enfants », dit Chuma. Sa petite-fille opine de la tête tout en maintenant les yeux rivés timidement au sol. « Nous voulons de la nourriture et un toit. »

– Chuma Mwende

Comment CARE intervient

CARE apporte des secours d’urgence aux personnes touchées par les inondations en Zambie. L’organisme fournit de l’aide financière, des vivres et des articles de première nécessité comme des couvertures, des lampes solaires, des réservoirs d’eau et des seaux aux personnes déplacées qui sont privées de foyer et de ressources. Les projets à long terme de CARE visent à aider les gens à faire face aux conséquences des changements climatiques, notamment par des initiatives de reforestation, la plantation de semis résistants à la sécheresse et des formations sur la santé et l’alimentation.

 

Aidez des femmes comme Chuma et leur famille afin qu’elles traversent les situations de crise sans craindre pour leur santé et leur sécurité.