Le 8 septembre 2023, peu avant minuit, des centaines de milliers de personnes au Maroc ont été brusquement réveillées par un séisme de magnitude 6,8. Il s’agit du séisme le plus puissant qu’ait connu la région depuis plus de 120 ans, ressenti dans un rayon de 160 kilomètres depuis l’épicentre.

Le tremblement de terre a porté un dur coup aux infrastructures des provinces d’Al Haouz, Taroudant, Chichaoua, Ouarzazate et de la région de Marrakech, faisant s’écrouler 59 674 foyers dans lesquels logeaient environ 300 000 personnes. Outre les habitations, le tremblement de terre a gravement endommagé ou détruit près de 600 écoles dans la région, ce qui aura des effets dévastateurs à long terme sur les communautés où se trouvaient ces établissements.

Malgré les efforts considérables déployés par les autorités et les organismes d’intervention d’urgence au cours des six derniers mois, il reste de nombreux chantiers à mener avant que les communautés puissent reprendre le cours de leur vie.

L’histoire de Saïda

Mère de deux enfants, Saïda vit dans le douar Tiguenziouine dans la province d’Al Haouz. Elle a entendu parler de CARE pour la première fois il y a trois ans, losqu’un projet d’autonomisation économique des femmes a permis de créer une association villageoise d’épargne et de crédit (AVEC). Elle s’est rapidement jointe un groupe appelé Nidae Al Khir, grâce auquel elle a non seulement pris toute la mesure de l’importance de l’épargne, mais aussi acquis des compétences financières essentielles, comme l’élaboration d’un budget équilibré.

Grâce à un prêt du groupe et à l’aide d’une coopérative de femmes située à proximité (aussi soutenue par CARE), Saïda a lancé une petite entreprise de confitures confectionnées à partir des fruits cultivés dans les environs.

Les affaires fonctionnaient à merveille… jusqu’au tremblement de terre. Sa source de revenus s’est effondrée en même temps que de nombreux bâtiments de son village.

Saïda et 25 autres femmes de son AVEC ont décidé d’agir. Elles ont prêté main-forte pour construire des abris temporaires et partagé ce qu’elles pouvaient avec des familles dans le besoin.

Après avoir croisé un convoi humanitaire sur la route de son village, Saïda a voulu participer aux secours d’urgence dans sa région en assurant la liaison entre les autorités locales, les organismes humanitaires et les membres de sa communauté. Sa résilience et son leadership durant cette période difficile témoignent du fait qu’une tragédie peut aussi être porteuse d’espoir et faire naître la solidarité.

Faisant preuve de leadership, Saïda aide les femmes de sa communauté à installer des tentes à Tiguenziouine, dans la province d’Al Haouz. CARE Morocco

Les interventions de CARE à ce jour

CARE travaille en étroite collaboration avec le gouvernement du Maroc qui dirige les efforts humanitaires. Pour soutenir les efforts du gouvernement dès les premiers jours qui ont suivi le tremblement de terre, CARE a distribué des trousses aux familles vulnérables de la province d’Al Haouz. Dans le cadre de la première phase de son intervention, CARE a distribué à 12 056 personnes dans 21 villages de la nourriture et d’autres produits de première nécessité, comme des trousses d’hygiène et de dignité.

Nos évaluations ont clairement montré que les personnes touchées par le tremblement de terre avaient besoin d’un soutien psychosocial. En un clin d’œil, des milliers de personnes ont tout perdu : leur maison, leurs sources de revenus, des membres de leur famille et des amis. Au cours des six derniers mois, CARE et son partenaire Médecins du Monde ont apporté un soutien psychosocial à 4 002 personnes.

Malheureusement, six mois après le tremblement de terre, nombreuses sont les familles devant s’abriter de façon très rudimentaire. CARE a déjà distribué des tentes en guise d’abris temporaires et d’autres matériaux dans 10 villages, ce qui a permis de venir en aide à près de 4 000 personnes. Nos équipes veulent intensifier la distribution d’abris dans les mois à venir afin d’assurer la sécurité et la dignité des familles au moment où elles entament le processus de reconstruction de leur vie et de leurs moyens de subsistance. CARE a aussi distribué des couvertures à près de 3 500 personnes dans 5 villages.

CARE place les femmes et les filles au centre de son action, y compris lors d’interventions humanitaires. Les catastrophes naturelles, comme le tremblement de terre qui a frappé le Maroc, ont tendance à affecter les femmes et les jeunes filles de manière disproportionnée par rapport aux hommes et aux garçons. La précarité, les pénuries de toutes sortes et la rareté des abris peuvent entraîner une augmentation de la violence sexiste.

CARE œuvre donc à créer des espaces sûrs pour les femmes et les jeunes filles. De tels espaces contribuent à prévenir la violence, à soutenir les femmes et les jeunes filles qui en sont victimes et à relancer les activités génératrices de revenus.

De plus, CARE a mis sur pied un projet visant à rétablir l’enseignement préscolaire pour ainsi aider les enfants à retrouver un sentiment de normalité – près de 600 écoles ont été détruites dans la région.

Les besoins liés à l’aide d’urgence restent considérables; les experts estiment que la reconstruction pourrait prendre une décennie, voire plus.

Moumen Aomari/CARE Moroccoo

CARE au Maroc

CARE travaille depuis 2008 dans les régions du Maroc touchées par le tremblement de terre en favorisant les activités d’autonomisation économique des femmes. Au fil des ans, nous avons développé de solides relations avec les communautés et de nombreux partenaires locaux, ce qui nous a permis de mieux adapter notre intervention au contexte et de tirer parti des réseaux et ressources existants. Cette approche encourage les communautés à s’approprier les activités de rétablissement, ce qui s’avérera essentiel dans un processus de reconstruction des maisons, des vies et des moyens de subsistance qui prendra des années.

Votre soutien permettra à des familles marocaines à reconstruire leur vie.