Associations villageoises d’épargne et de crédit (AVEC) en Éthiopie : « Désormais, je peux acheter ce dont mes enfants et moi avons besoin »

Je m’appelle Zemzem Nori et j’habite à Arerit Kebele, dans la région d’Amhara, en Éthiopie. Je suis mère, agricultrice et entrepreneure.

Ces dernières années, notre communauté a été frappée par une longue série de crises : la pandémie de COVID-19, les invasions de criquets pèlerins, de graves sécheresses et un conflit armé. Avant de rejoindre mon association villageoise d’épargne et de crédit (soutenue par CARE), je n’étais qu’une agricultrice qui cultivait du sorgho. Je me battais pour nourrir ma famille et envoyer mes enfants à l’école, mais le manque d’argent rendait nos rêves étroits. Pendant cette période difficile, mon mari et moi nous sommes séparés. Ce n’est pas qu’on était à court d’énergie ou qu’on ne voulait pas travailler. On ne savait tout simplement pas comment s’y prendre.

Désormais, je peux acheter ce dont mes enfants et moi avons besoin. J’ai les moyens de les envoyer à l’école, de leur offrir des vêtements et de leur fournir une alimentation nutritive. Je rentre des courses avec de l’huile, des pommes de terre, des tomates, du sucre, des lentilles et même des serviettes hygiéniques. Avant, tous ces produits étaient hors de portée; mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Et la différence, c’est que, maintenant, j’ai un revenu.

J’ai changé du tout au tout depuis mon adhésion à l’AVEC et ma participation au projet Livelihoods for Resilience (Moyens de subsistance et résilience) de CARE. Ce programme m’a énormément appris.

Quelques jours avant la guerre, j’avais contracté un prêt auprès de mon groupe d’épargne pour lancer mon entreprise, mais j’ai dû utiliser cet argent pour survivre. Lorsque le calme a commencé à revenir, il me restait encore un peu de ce capital. Je l’ai utilisé pour faire du pain, car c’est une activité que j’avais déjà exercée pour vivre. Mais cette fois, la guerre s’en est mêlée, et il m’est devenu impossible de me procurer de la farine à cause de la fermeture des routes. On ne s’est pas laissé abattre pour autant : on a emprunté des pistes et des chemins secondaires à dos de chameau pour acheter de la farine et me permettre de reprendre mon activité. Aujourd’hui, j’ai remboursé l’intégralité de mon prêt et je continue à gérer mon entreprise.

 

« Maintenant, je sais ce dont je suis capable, ce qui me motive, et ça m’ouvre des horizons nouveaux. Je veux continuer à aller de l’avant et à progresser. L’AVEC m’a bien sûr montré le chemin à suivre pour sortir de la crise; mais ce trajet, c’est moi qui l’ai parcouru. »

Zemzem Nori

Après le conflit, j’ai emprunté au groupe une autre somme, que j’ai complétée avec mes propres économies. Avec cet argent, j’ai acheté deux ânes que j’emmène désormais à la rivière pour rapporter de l’eau au village. Grâce à la vente de cette eau, je peux toucher 40 birrs (80 cents) par jour au lieu de 5 birrs (10 cents) auparavant. J’ai déjà remboursé mon prêt et les ânes sont donc à moi.

Le quotidien des personnes qui n’adhèrent pas à l’AVEC, c’était aussi le mien : une existence en mode survie et dans la précarité, où toute forme d’entrepreneuriat et de dépense est inenvisageable. Pendant le conflit, les plus pauvres n’ont eu d’autre choix que de fuir pour se cacher dans le désert. Je n’ai pas eu à en arriver là, car mes économies et mon prêt m’ont permis de survivre. C’est un peu comme si j’avais pris un chemin de traverse. J’ai réussi à me procurer l’essentiel et à surmonter la crise, ce qui m’a évité de repartir de zéro à la fin du conflit.

Maintenant, je sais ce dont je suis capable, ce qui me motive, et ça m’ouvre des horizons nouveaux. Je veux continuer à aller de l’avant et à progresser. C’est par la volonté de Dieu que j’ai survécu à toutes ces situations difficiles. L’AVEC m’a bien sûr montré le chemin à suivre pour sortir de la crise; mais ce trajet, c’est moi qui l’ai parcouru.

Je suis si heureuse aujourd’hui de marcher d’un même pas avec mon mari. L’AVEC m’a montré le moyen pour nous d’économiser de l’argent afin de mieux nous retrouver. Désormais, on avance côte à côte et on surmonte ensemble nos problèmes.

Je n’attends pas des autres l’aumône ou la charité. Mendier, ce n’est pour moi ni une envie ni une nécessité. Et surtout, je suis très fière de ma façon de penser aujourd’hui. J’ai des projets, et certainement pas celui de revenir en arrière. On ne sera plus jamais ceux que l’on était, et on progressera coûte que coûte. C’est ce qu’on veut : progresser.

Apportez votre soutien à des femmes du monde entier comme Zemzem, afin qu’elles puissent subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles et renforcer leur communauté.

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