Ukraine : les sentinelles des ruines

Maisons dévastées, fenêtres brisées, panneaux signalant la présence de mines… voilà le triste spectacle que donne à voir le sud de l’Ukraine. Mais au milieu des décombres errent des personnes âgées qui, malgré l’épuisement, nous offrent une grande chaleur humaine.

Toutes les photos sont la propriété de CARE.

An outdoor sign that warns of mines in the area

Les villages de Snihourivka et Novovasylivka, dans l’oblast de Mykolaïv, en Ukraine, étaient sous contrôle militaire russe depuis environ neuf mois. Ici, les bombardements et le sifflement des roquettes font encore partie du quotidien. Après l’explosion du barrage hydroélectrique de Kakhovka, les inondations sont venues compliquer une situation déjà difficile.

 Snihurivka

« De l’endurance, nous en avons à revendre et, avec l’aide de Dieu, nous pourrons survivre à n’importe quoi », martèle Liudmyla, 70 ans.

Au printemps 2022, le village s’est pratiquement vidé de tous ses jeunes, dont la plupart ne sont jamais revenus.

A groups of six women stand together outdoors in a semicircle

« On est partis nous aussi, explique Halyna, 62 ans. On a fui vers le sud, à Mykolaïv et à Odessa, puis on a logé chez des amis et dans des abris. Mais dès qu’on a appris que Snihourivka était de nouveau passée sous contrôle ukrainien, j’ai décidé de rentrer. Ici, j’ai ma maison et toute ma vie. Je protège ce qu’il en reste. »

Près d’un quart de la population ukrainienne a atteint l’âge de la retraite. Dans les zones récemment reprises par l’armée du pays, ce pourcentage dépasse même les 90 %.

Grâce au soutien financier du Disasters Emergency Committee (Comité d’urgence en cas de catastrophe ou DEC) du Royaume-Uni, CARE aide ces personnes à restaurer leur maison. Les premières fenêtres brisées ont déjà été remplacées. Et pour toutes celles et tous ceux qui vivent ici, ce début de renaissance revêt une importance capitale.

Two images side by side. Once with a damaged building and one with a building behind a sign warning of land mines

« Quand le village était aux mains de l’armée russe, on a dû dépenser toutes nos économies. Il n’y avait plus ni magasins, ni pharmacies, ni hôpitaux, et la nourriture se monnayait à prix d’or. Durant toute cette période, la population restée au village cuisinait et mangeait ensemble. C’est ce qui nous a permis de survivre à ces mois extrêmement éprouvants », se souvient Raisa, 72 ans.

« C’est un peu plus facile maintenant, poursuit Antonina, 66 ans. Les organisations humanitaires nous apportent du pain, de l’eau et nous préviennent dès que des produits d’hygiène ou des denrées non périssables, comme des céréales, des boîtes de conserve ou de l’huile, sont disponibles. La seule chose qui nous manque, c’est la paix et la tranquillité pour pouvoir tout reconstruire et retrouver une vie normale. »

Several people gather together outdoors. Two men wear CARE-banded vests

Les mines terrestres constituent aussi une importante source de préoccupation pour la population. En fait, certaines terres agricoles n’ont pas encore été déminées et sont en proie aux mauvaises herbes. Il en va de même pour les forêts.

« Les légumes que nous cultivions ainsi que les baies et champignons sauvages nous ont aidés à survivre. Mais aujourd’hui, on ne peut malheureusement plus compter là-dessus, se désole Antonina. Récemment, un de nos voisins est parti cueillir des champignons dans la forêt et a marché sur une mine. Les autorités nous mettent en garde contre le danger, mais le désespoir ou l’habitude en poussent certains à ignorer ces avertissements. »

D’autres surfaces agricoles ont été totalement inondées.

À la mi-juin, le niveau de l’eau a même dépassé le montant supérieur des fenêtres, dans la rue où vit Alla, à Novovasylivka.

« Notre bibliothèque, notre jardin, nos meubles et nos appareils électroménagers ont été détruits. Il ne nous reste plus rien », se désespère-t-elle.

A pile of books rest on a pallet

Alla est temporairement hébergée par des voisins qui vivent sur les hauteurs et ont eu la chance d’être épargnés. Dans le village, 64 habitations ont été endommagées. La maison d’Alla tombe en ruines, n’a plus l’électricité et est envahie par la boue. Chaque mur, chaque lit est imbibé d’eau; le sous-sol est inondé et le puits envasé.

A woman stands in a damaged building

« Je vis avec ma mère de 87 ans et mon mari. Nous sommes retraités, et je ne sais pas si nous pourrons tout restaurer par nos propres moyens. Malheureusement, nous n’avons nulle part ailleurs où aller. »

Dried up gardens and vegetables

Dans cette région, la population se nourrit des légumes qu’elle cultive. Mais cette année, il n’y aura pas de récoltes. Quant aux vergers et aux vignobles, ils resteront eux aussi stériles et mettront des années à retrouver leur abondance passée.

L’eau a tout recouvert, puis s’en est allée. Mais la région portera pour longtemps encore les stigmates de la catastrophe.

Comment CARE et ses partenaires soutiennent-ils la population en Ukraine et dans les pays limitrophes?

Depuis 2022, CARE intervient en Ukraine pour venir en aide à la population. Les besoins humanitaires sur le terrain s’intensifient, en raison de l’escalade du conflit avec la Russie.

Avec nos partenaires en Pologne, en Moldavie, en Roumanie et en Ukraine, nous apportons notre soutien aux personnes déplacées à l’intérieur du pays ainsi qu’aux populations réfugiées et aux communautés hôtes dans les territoires voisins. Ensemble, nous leur fournissons une aide immédiate : abris, couvertures, couches, produits d’hygiène, nourriture, eau, assistance monétaire et soutien psychosocial.

En Ukraine, CARE s’emploie plus particulièrement à mettre la population à l’abri et à lui procurer un appui financier, des refuges, des articles de première nécessité, des denrées alimentaires et des services de santé (y compris de santé sexuelle, reproductive et maternelle). En outre, toutes nos initiatives sont fortement axées sur l’égalité des genres.

Aidez-nous à offrir aux personnes en situation de crise des produits de première nécessité ainsi que les moyens de reconstruire leur vie.

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