Les chatons de Mimi : un symbole d’espoir après le séisme au Maroc

Les chatons sont toujours sous les décombres.

Ils sont nés pendant la nuit qui a précédé le séisme. Fatiha, elle-même mère de famille, dit les entendre miauler sous les montagnes de gravats.

Si elle sait que les chatons sont encore en vie, c’est aussi parce que leur mère, Mimi, fait fidèlement des allers-retours chaque jour, dans la poussière et les débris, pour les nourrir.

Fatiha a un fils de 20 ans et deux filles de 18 et 12 ans.

Au moment du séisme, ses filles et elle assistaient à une formation au village, mais son mari et son fils se trouvaient à la maison.

A woman stands outdoors. Behind her is a damaged home and rubble on the ground.
Fatiha est tailleuse et mère de trois enfants. Nadir Houboub, CARE Maroc

Ils habitent à Tamgounsi, à une cinquantaine de kilomètres de Marrakech, au pied du Haut Atlas. Cette bourgade de 600 âmes fait partie de la commune d’Asni, prisée par les touristes du monde entier qui viennent y admirer les vues spectaculaires sur les montagnes et les villages environnants.

Le séisme s’est produit à 23 h 11, dans la soirée du 8 septembre. Son épicentre se trouvait à moins de 15 km de Tamgounssi, qui se situe en lisière de la province d’Al Haouz où ont été dénombrées la plupart des quelque 3000 victimes recensées.

Dans cette région, les maisons sont le plus souvent faites de bois et d’argile, et nombre d’entre elles ont été détruites ou gravement endommagées lors du séisme. De nombreuses familles ont choisi de dormir dehors, de peur que les quelques murs encore debout dans leur habitation ne s’effondrent à la première réplique.

A Moroccan landscape with houses and mountains in the distance.
Tamgounsi se trouve au pied des montagnes du Haut Atlas. Nadir Houboub, CARE Maroc

Jeudi matin, 64 décès étaient à déplorer dans le village, mais ce chiffre n’était sans doute pas encore définitif.

Hlima Razkaoui, directrice nationale de CARE Maroc, a aidé CARE à mettre en place ses opérations de secours en collaboration avec les autorités marocaines. L’équipe s’attelle depuis à distribuer des repas chauds et à installer des systèmes d’approvisionnement en eau potable ainsi que des abris d’urgence. Les efforts se portent tout particulièrement sur les femmes, les jeunes filles et les personnes handicapées.

Le toit de la maison familiale s’est effondré sur le mari de Fatiha, qui était déjà parti se coucher. Son fils, qui venait de sortir, n’a pas hésité à retourner avec des voisins à l’intérieur pour extirper le malheureux de son piège de terre, de bois et de pierre. Par miracle, ce dernier n’a gardé que des contusions – quoique graves – de la catastrophe.

Two women stand together outside. One is wearing a CARE-banded shirt. The building behind them is badly damaged from an earthquake. Debris and rubble lie around.
Le personnel de CARE s’est rendu dans les zones touchées par le séisme pour participer aux activités de secours. Nadir Houboub, CARE Maroc

Des besoins urgent

Fatiha est tailleuse de profession.

C’est principalement elle qui subvient aux besoins de la famille. Avant le séisme, elle avait l’intention de développer sa petite entreprise florissante. Elle était parvenue à économiser suffisamment d’argent au cours des 11 dernières années pour acheter la demeure familiale ainsi qu’une machine à coudre flambant neuve qui l’aidait beaucoup dans son travail.

Mais aujourd’hui, la façade de sa maison a été remplacée par un trou béant d’où émerge la carcasse de son canapé.

« Toute mon existence, je me suis battue pour offrir une vie décente à ma famille. Et pas à pas, j’y étais arrivée. Mais désormais, il ne nous reste plus rien », se désole-t-elle.

Quand on l’interroge sur ses besoins les plus urgents, elle répond simplement : « Un toit au-dessus de nos têtes. »

Depuis une semaine, Fatiha dort dehors avec son mari et son fils, même si les nuits commencent à être froides à l’approche de l’hiver. En outre, les animaux sauvages, notamment les chiens, représentent un danger bien réel.

Mais la principale préoccupation de Fatiha, ce ne sont ni les chiens ni le froid, mais ses filles, qui sont hébergées par leur grand-mère. Elle s’inquiète surtout pour la benjamine qui, explique-t-elle, est fortement traumatisée par la tragédie.

En tenant Mimi dans ses bras, Fatiha se dit convaincue que sa plus jeune fille se rétablirait beaucoup plus vite si toute la famille pouvait de nouveau vivre ensemble.

CARE collabore étroitement avec ses partenaires et les autorités marocaines pour venir en aide aux personnes touchées par le séisme. Il est urgent d’intervenir pour fournir à la population de la nourriture, de l’eau, des abris et un soutien psychosocial.